Un semeur sortit pour
semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin :
les oiseaux vinrent, et la mangèrent. Une autre partie tomba dans
les endroits pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre : elle leva
aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un sol profond ; mais,
quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent,
et l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne
terre : elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre
trente. Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende.
Matthieu 13.4 et suivants.
Nous connaissons peut-être assez bien
cette parabole de Yéchoua’ qui traduit les différentes façons d’accueillir la
parole de Dieu pour être sauvé.
En hébreu, ce genre de récit s’appelle
un michal. Un peu différent du midrash, nous retrouvons étrangement une
parabole assez semblable dans la haggada
de Pessa’h.
En effet, les rabbins nous parlent de 4
fils aux attitudes plutôt dissonantes au regard de la fête de Pessa’h.
Le premier est le fils sage (Haham)
qui cherche à comprendre le sens de la fête et il pose la question : que
signifient les lois, les préceptes et les ordonnances que l’Éternel notre Dieu
vous a prescrits ? (Deutéronome 6.20)
C’est ainsi qu’il cherche à comprendre
le sens fondamental des choses qu’il aperçoit sur la table et les divers
rituels que nous accomplissons.
Ainsi sommes-nous conviés à l’instruire
sur la Pâque que nous vivons. Il sera invité à lui-même « sortir » du pays
d’Égypte où il est « esclave » pour trouver le chemin de la liberté dans le
Messie.
Le second fils est pervers (Rasha).
Il pose la question suivante : quelle signification a pour vous cette
cérémonie ? (Exode 12.26)
Ce fils-là ne fait pas honneur à la
table à laquelle il est convié. En posant ainsi sa question, il s’exclut de la
démarche de sa propre famille et ne cherche pas à faire le premier pas vers la
liberté et l’affranchissement de son péché. Et pourtant, le message de Pessa’h s’adresse à lui aussi.
Le troisième fils est « simple » (Tam).
Il ne comprend pas toutes ces choses et il demande naïvement : qu’est-ce
que ceci ?
Ainsi sommes-nous invités à rendre le
message accessible à tous, même à ceux qui ont peu d’éducation, mais qui ont
soif de comprendre et participer pleinement à la fête.
Le quatrième et dernier fils est celui qui, quoique présent à la
table, est ignorant de tout et ne sait pas même poser la première
question : (Ché éyno yodéa lich ol)
Commence alors par le début et
dit : en ce jour-là, tu raconteras à ton fils et tu lui diras, c’est à cette
fin que l’Éternel a agi, en ma faveur quand je sortis d’Égypte. (Exode 13.8)
En cette semaine de Pessa’h, ce qui marque les esprits, c’est bien entendu la matza que nous mangeons à chaque repas,
nous abstenant de consommer tout produit contenant du ‘hametz (levure).
Mais n’est-ce pas aussi le temps
favorable pour le partage avec les « fils » d’Israël du récit de la
sortie d’Égypte, de l’affranchissement de l’esclavage et du péché, de l’agneau
pascal, de l’afikomane et du sens de
la matza « cachée » ?
Il y a quelques jours seulement, j’ai
rencontré toutes sortes de « fils ». Des « sages », des
« pervers », des « simples » et même de ceux qui ne
savaient pas poser de question. J’ai pris patiemment le temps de
« raconter », « d’expliquer » et « d’instruire ».
A chacun à présent de faire le premier pas vers la liberté… et préférer le goût
du pain venu du ciel plutôt que la
saveur immorale du péché dans le ‘hametz.
Comme pour le michal du semeur, il y a un côté frustrant et le sentiment de
perdre son temps avec celles et ceux qui ne veulent rien entendre. C’est
certain, on ne voudrait rencontrer que des fils « sages ». Cependant,
le Seigneur est patient et l’exhortation de la Haggada n’est pas de s’attarder aux seuls fils « sages »,
mais de persévérer aussi avec ceux qui sont plus difficiles à convaincre :
les « simples », les « pervers » et les ignorants.
Par ailleurs, celui qui sème comme celui
qui instruit n’est pas maître de ce qui va suivre et des fruits qui sortiront
de la terre. Que nos prières soient alors comme le cri des israélites à Souccot qui attendaient de Dieu
qu’il arrose et féconde la terre avec les eaux du ciel : Hocha’
Na — sauve, nous t’en prions.