Ces derniers mois, la multiplication des rendez-vous
électoraux et son cortège de surprises en tout genre, de « scandales » mis en
lumière ou au contraire noyés dans le bouillon
médiatique, a révélé le pouvoir extraordinaire et manipulateur des organes de
communication télévisuelle et plus encore des réseaux sociaux infectés et
infectant les esprits sans aucun remède.
Les « complotistes » y ont vu la main invisible des « puissants »
anonymes qui placent leurs pions sur l’échiquier géant de la planète, ou plus
modestement de notre douce France.
L’électeur téléspectateur, consommateur de Facebook, Twitter
et autres sites internet pseudo indépendants, a cru pouvoir trier le flux continu
d’informations contradictoires, soigneusement enrobées par des spécialistes en
communication extrêmement performants. Il n’en a rien été.
Les soupçons et la présomption d’innocence se sont
rapidement transformés en certitudes et jugements irréversibles, des armes médiatiquement
létales. Les élections passées, le système n’a pas changé.
La seule manière de réduire l’influence de telle ou telle
nouvelle consiste alors à l’étouffer sous un magma d’informations que l’on sait
inutiles et qui viendront masquer l’essentiel, le réellement pertinent.
C’est ainsi que bien peu de Français ont eu vent des
dernières informations relatives au Moyen-Orient et Israël en particulier. Cela
dit en passant, j’avoue que quelquefois, je me passerais bien de voir Israël à
la une des journaux. Mais il y a des
signes inquiétants, parce que persistants, dans l’attitude de la France à
l’égard d’Israël et du peuple juif.
Il y a quelques jours, le président Macron a accueilli Mahmoud
Abbas à l’Élysée lui assurant son soutien indéfectible à une solution de paix
basée sur le principe de deux États, une solution qui pourtant, en coulisse, a
de moins en moins d’adeptes sérieux. Il soulignait également sa condamnation de
la « colonisation » par Israël.
Mais comment en aurait-il pu être autrement dès lors que
monsieur Macron avait qualifié (avant son élection) la colonisation française de
crime contre l’humanité ? Le choix
des mots et des sujets n’était ainsi pas anodin. Soyons-en certains.
Les médias et les politiques ne peuvent imaginer un seul
instant le terme « colonisation » associé à quelque chose de positif, aussi, le
relier en permanence à Israël ne peut que participer à la diabolisation de
cette nation. Substituez le mot « colon » à celui de « nazi » et vous percevrez
rapidement l’effet dévastateur produit dans les esprits. Certains se
demanderont alors pourquoi cette diabolisation à outrance et systématique
d’Israël au travers de vocables que l’on sait « sensibles » pour nos
concitoyens ? La « culpabilisation » de la France au travers de son aventure
coloniale historique — une aventure partagée par la plupart des pays européens —
est devenue un instrument politique visant à « adoucir » la rancœur des
populations immigrées — d’autres s’empresseront d’ajouter, à « justifier » leur
colère — celle de ces anciens « colonisés » qui, pas si rancunier finalement,
sont venus s’installer en France.
Sauf que la colonisation française étant de l’histoire de
plus en plus ancienne, fort distante des générations d’aujourd’hui, il faut un
autre exutoire qu’Israël incarne parfaitement dans le monde arabo-musulman.
Israël est le « colonisateur » malfaisant sorti d’on ne sait où dont la
légitimité est ainsi contestée de toutes les manières. Ainsi donc, les Juifs
sont le seul peuple existant sans histoire et sans terre s’inscrivant dans un « réel »
officiellement reconnu. La création de leur État relève d’une « erreur »
historique découlant de la barbarie nazie. Ils sont l’incarnation fautive des
colonisateurs européens qui les ont « laissés » s’installer sur une terre qui
ne peut par essence que leur être « étrangère » dès lors qu’ils sont désignés
comme « colons ».
De la sorte, le discours politique ne s’inscrit plus dans la
vérité intrinsèque de l’histoire, mais dans une réécriture accommodante dont
les vertus restent discutables.
Pour le croyant, c’est là que se trouve le dilemme. On peut
être plus ou moins d’accords avec les choix politiques de son pays. Il est
possible même de discuter de ses arguments, de contester leur pertinence. Mais
le dialogue devient nettement plus compliqué quand les vérités historiques les
plus élémentaires et les plus évidentes sont délibérément bafouées.
C’est ainsi que nous avions dénoncé le vote à l’UNESCO de la
France qui semblait cautionner, en novembre dernier, la qualification de
Jérusalem et de sa vielle ville de site islamique, faisant fi de la réalité
historique au détriment des Juifs, mais aussi indirectement des chrétiens.
Qu’importe les critiques et les condamnations, l’UNESCO,
devenue pour ainsi dire un organe onusien de propagande islamique, poursuit sa
politique infâme de délégitimation d’Israël. Et l’élection de monsieur Macron à
la présidence de la République ne permet pas d’entrevoir d’inflexion aux
relations paradoxales que notre pays entretient avec Israël et le peuple juif.
La « bienveillante » abstention de la France à l’UNESCO lors
du vote récent en faveur de la reconnaissance du caveau des patriarches à
Hébron comme site palestinien — entendez par là uniquement musulman et donc non-juif
— est un affront de plus et un négationnisme politique révélateur.
La réponse d’Israël ne s’est d’ailleurs pas fait attendre.
Le Premier ministre israélien a déclaré la création prochaine d’un musée du
patrimoine juif à Hébron. Et nous pouvons être certains qu’il ne sera pas vide
comme le musée de l’histoire de la « Palestine » de Ramallah financé à coup de
millions de l’Union européenne.
Au regard du positionnement français à l’UNESCO, reflet
patent d’une politique inqualifiable à l’égard d’Israël qui n’a finalement pas
varié depuis 50 ans, on relèvera la décision commune des ministères de la Culture
et de la Justice d’ouvrir l’accès aux archives du procès de Klaus Barbie,
condamné il y a 30 ans pour crime contre l’humanité. Selon les ministres, la
mesure a été prise afin de lutter contre le négationnisme et l’antisémitisme en
France.
Bien entendu, en tant que telle, on ne pourra que saluer la
décision si prompte d’un gouvernement à peine installé. Mais la déclaration est
un peu l’arbre qui cache la forêt. L’antisémitisme et le négationnisme sont
dans le discours officiel exclusivement d’extrême droite. Ils sont le chiffon rouge agité pour détourner
l’attention et faire oublier que l’antisémitisme quotidien que connaissent les
Juifs en France est essentiellement issu de la communauté arabo-musulmane. Au
négationnisme traditionnel relatif à la Shoah se superpose de façon récurrente
celui à propos de l’histoire du peuple d’Israël, qu’elle soit dans la Bible ou
plus contemporaine.
Ce négationnisme arabo-musulman transpire dans les décisions
de l’UNESCO et la France apporte sa caution à minima en s’abstenant lors des
votes proposés.
Les Juifs comme les chrétiens s’inquiètent de ce double
standard de la politique française qui depuis des années déclare vouloir lutter
contre l’antisémitisme dont les Juifs sont de plus en plus victimes, et en même
temps ferme les yeux sur l’antisémitisme arabo-musulman qui ne cesse de se
développer dans les banlieues. Il y a indéniablement un calcul politique dont
les conséquences ne sont pas mesurées.
Par ailleurs, l’insistance à dénoncer le pseudo « colonialisme »
d’Israël est en réalité une forme de négationnisme que, je pense, tout croyant
devrait dénoncer. En laissant s’installer le mensonge historique au sujet
d’Israël, les chrétiens eux-mêmes finiront par en pâtir.
L’heure n’est plus au grand discours ou la recherche à tout
prix d’un consensus. La vérité est seule en cause et c’est elle qui réellement
rend libre. Se taire ou s’abstenir est un délit de fuite pour lequel on finit
toujours par être rattrapé.
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