En juin 2017, nous publiions dans le journal du Berger
d’Israël un article intitulé : parle-t-on
trop aujourd’hui de la mémoire de la Shoah ? (n° 585)
Tandis que les derniers témoins de cette époque s’éteignent
peu à peu, il est plus que jamais de notre devoir de raviver toujours davantage
leur souvenir. En effet, la contestation des crimes commis par les nazis ne
faiblit pas. Nous disposons d’internet et de milliers d’archives — autant de
preuves — et pourtant, nombreux sont celles et ceux à refuser l’évidence, à
minimiser l’ampleur des massacres, l’assassinat de plus de 6 millions de Juifs.
Pourquoi un tel négationnisme ? Pourquoi la contestation de ce qui représente
le génocide le plus important de l’histoire de l’humanité ? Pourquoi la vérité
se heurte-t-elle à un mur de mensonges aussi grossiers ? Pourquoi la
multiplication des sites en mémoire de la Shoah n’arrive-t-elle pas à endiguer
la déferlante de haine contre les Juifs ?
Je viens de visionner deux vidéos de témoignages d’anciens
nazis, membres d’unités SS, qui racontent, parfois avec une légèreté
déconcertante, ce qui a été leur quotidien, leur espérance, leur « religion ». Très
tôt, ils ont été formés, formatés même, pour constituer une élite de la nation.
Ils ont connu la gloire et les honneurs. Ils ont souvent tué et massacré sans
aucun état d’âme. Mais au bout du compte, même après la défaite, leur conclusion
est glaçante. Peu ou pas de repentance. Ceux à regretter leurs crimes sont des
exceptions. Même après 80 ans, beaucoup continuent à glorifier le Reich et le
national-socialisme.
Alors bien entendu, on comprend aisément ce qui a pu
alimenter et nourrir le lavage de cerveau de jeunes gens qui, parfois dès l’âge
de 5 ans, se trouvaient endoctrinés dans l’idéal du culte de l’homme « supérieur »
et de son chef, Adolf Hitler.
Aurions-nous adhéré comme eux au même rêve sublimé si nous
avions vécu les mêmes années noires d’entre les deux guerres ?... Difficile à
dire.
Sans minimiser le moins du monde l’efficacité de la machine
de propagande nazie — que l’on retrouve dans d’autres mécanismes
politico-religieux — il apparaît que l’adhésion idéologique du peuple allemand
aux thèses hitlériennes trouve racine dans un terreau bien plus ancien dont je
ne vais pas vous parler maintenant.
Olivier MELNICK[1],
collaborateur du Berger d’Israël, en parlerait sans doute mieux que moi, mais
je voudrais souligner dans cet article deux réalités dans notre époque qui
m’amènent à rappeler l’importance du souvenir de la Shoah et de son témoignage.
La première est que l’on n’a pas tiré aujourd’hui toutes les
leçons de la Shoah. Très curieusement, la négation du génocide des Juifs a
commencé dès le lendemain de la guerre et, jusqu’à aujourd’hui, elle a infusé
toute la planète dans des proportions que l’on n’aurait pas imaginées il y a 70
ans. Si sur le plan politique, le national-socialisme allemand n’a pas réussi à
reprendre pied dans le pays, l’idéologie raciste et antisémite — qui en réalité
n’était ni nouvelle ni spécifiquement allemande — continue de s’étendre sur
tous les continents.
De nos jours, la haine des Juifs est surtout présente dans
les pays ou l’islam est dominant. Certaines nations, telles que l’Algérie ou la
Tunisie, ne cachent même pas leur politique ouvertement antisémite (et cela
n’offusque pas grand monde). La grande majorité des migrants musulmans qui
arrivent en Europe, issus pour la plupart du Proche ou Moyen-Orient, sont
animés de sentiments hostiles à l’égard des Juifs.
Sans vraiment surprendre, le constat est alarmant et c’est
souvent dès le plus jeune âge que l’endoctrinement antisémite se produit.
Quand on réalise combien la majorité des criminels SS est
restée fidèle aux idéaux nazis, même après des dizaines d’années, on imagine
mal comment nos gouvernants se proposent de « déradicaliser » les jeunes
terroristes pétris de haine contre les Juifs et tout ce qui n’est pas musulman.
La deuxième chose qu’il nous faut relever, à propos de cette
haine surdimensionnée à l’encontre des Juifs, c’est que celle-ci est de nature
spirituelle. Elle ne répond à aucune logique humaine et repose assurément sur
un tissu de mensonges qui n’a rien de rationnel. Si l’on prend la peine de
suivre le fil de l’antisémitisme au travers de l’Histoire, on réalise que
celui-ci est unique en son genre.
L’adversaire, le diable, le père du mensonge, sait parfaitement tromper et cultiver la haine
pour amener l’extermination du peuple juif dont est issu le Machia’h, le Messie
Sauveur.
Je sais bien que la proposition est audacieuse, mais elle
est plus que logique si l’on examine l’histoire du peuple juif, dans les
Écritures bibliques et durant ces 20 derniers siècles.
Bien entendu, reconnaître l’action en sous-main du Satan
dans la haine universelle des Juifs à travers l’Histoire n’excuse pas les
crimes perpétrés sur des millions d’individus innocents. Il en explique
seulement les mécanismes et indique la nature des « armes » susceptibles de
vaincre définitivement la haine enracinée dans les cœurs.
Faut-il en conclure que tout est perdu et qu’il n’y a plus
rien à faire ? Faut-il se résigner au mensonge et à la tyrannie de ceux qui
appellent à la « répétition » de ce qu’ils contestent ? Nullement !
Une célèbre parole d’un Sage affirmait que celui qui sauve une vie sauve toute
l’humanité[2].
Par ailleurs, pour un seul qui se repent,
tous les anges se réjouissent[3]
déclare Yéchoua’.
La Shoah nous interroge peut-être sur le sens de la vie et,
par delà les questions sans réponses, nous ramène à notre vraie place devant
Dieu notre créateur.
La Shoah témoigne à toutes les générations de l’étendue du
mal qui gangrène l’humanité, de sa nature et même de son origine démoniaque.
Mais elle témoigne aussi de la souveraineté de Dieu et de sa victoire finale
sur l’adversaire de nos âmes. Nous pouvons tomber dans le piège de la haine perpétuelle
des criminels, ou encore de la compassion sans fin pour les victimes. Mais
quelle victoire quand un seul en vient à se tourner en toute humilité vers son
créateur !
La mémoire de la Shoah ne peut effacer le crime ni même
rendre justice à toutes les victimes. Elle peut cependant faire prendre
conscience à chacun — bourreau comme victime — de sa place devant celui à qui
nous devons tous un jour rendre compte. Je ne juge personne, mais si après
toutes ces souffrances, une seule âme lève les yeux vers le ciel pour
reconnaître son créateur, je m’associerai aux anges pour rendre gloire à Dieu.
C’est peut-être bien pour cela que beaucoup s’acharnent à ne
plus vouloir perpétuer la mémoire de la Shoah.
Un jour, les victimes et leurs bourreaux comparaitront
devant le trône du Messie. Je ne sais pas ce qui se dira à ce moment-là. Mais
le Messie, lui, n’aura pas oublié.
N’oublions pas non plus !
Guy ATHIA
[1] Voir sur le sujet le site
en anglais www.newantisemitism.com
[2] Talmud, Traité Sanhédrin,
Chap. 5, Mishna 5.
[3] Luc 15.10.
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