Pensez-donc, pour la plupart des gens, Aubagne rime davantage
avec Pagnol qu'avec "quartier nord" de Marseille ou « cité du 93 ».
A force de crier au loup, on finit par le voir de partout or il convient de
rester prudent pour ne pas alarmer inutilement ou endormir nos lecteurs dans
une vigilance qui fléchirait. Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions
juives de France) a fait part de ses excuses et je m’associe à lui pour exprimer
mon regret que de telles informations aient pu passer sans véritable contrôle. Le
cinéaste en question devra sans doute s’en expliquer et être plus prudent en
témoignant à l’avenir (voir le lien vers le site du CRIF : http://www.crif.org/fr/leditorialdupresident/lagression-daubagne-une-fausse-nouvelle/36078).
Les grands journaux israéliens se doivent aussi de prendre la mesure des
nouvelles qu’ils rapportent s’ils veulent rester crédibles. La bonne nouvelle
cependant, outre la bonne santé du cinéaste israélien, est la réaction de « mea
culpa » des médias et du CRIF qui se sont fait l’écho de ce fait divers
qui, malheureusement, aurait pu être tout à fait vrai. On ne peut pas en dire
autant de certains médias français mouillés dans des affaires autrement plus
graves (on en reparlera peut-être une autre fois). Avouer sa faute, par les
temps qui courent, à l’instar d’un ministre, ce n’est pas vraiment payant, même
si cela soulage la conscience. Une conscience que nos politiques semblent avoir
anesthésiée pour ne faire transpirer que davantage d’hypocrisie.
Il n'empêche que le cancer de l'antisémitisme a bel et bien pris
un chemin et une ampleur dont les précédents peuvent en effet faire craindre le
pire. Je suis régulièrement sollicité par des amis qui à l’étranger reçoivent l’écho
de faits gravissimes relatifs à l’antisémitisme en France. La plupart du temps,
les informations qu’ils ont reçues sont exactes mais juxtaposées de telle sorte
que les faits rapportés sur une période de 2 ou 3 ans se trouvent « concentrés »
sur un temps donné de quelques semaines seulement. Si bien que le sentiment du
lecteur est qu’il y a une explosion soudaine de la situation en France. Un
sentiment qui de fait n’est pas une réalité. Le métier de journaliste est, on l’a
bien compris, difficile et chargé de responsabilité. On n’est jamais
complètement neutre et les effets que l’on produit constituent un « pouvoir »
phénoménal. Cet énième épisode dans la guerre des communications et la lutte
contre l’antisémitisme doit nous amener à une vigilance accrue et une prudence
afin que l’alerte soit entendue et comprise le moment venu.
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