Le
sujet est trop sérieux pour en sourire… mais quand même, on croit
« rêver » quand le Président de la république française, monsieur
François Holland, déclare vouloir « punir » Bachar El Assad pour sa
récente attaque supposée de civils à l’arme chimique. Ce peut-il que durant ses
« courtes » vacances, quelqu’un ait initié notre président à un
quelconque wargame sur PC ?...
Entendons-nous
bien. L’attaque supposée de civils – la dernière évaluation sérieuse parle de
350 morts – avec des armes chimiques est parfaitement indigne et relève du
crime de guerre passible de jugement, et pas seulement devant le tribunal de
l’Histoire. Quant à savoir si la responsabilité relève de l’un ou de l’autre
des protagonistes en conflit… difficile de le dire et le saura-t-on seulement
un jour ?... Peu importe, la probabilité est quand même que la
perpétration de cette attaque soit le fait des troupes loyales au régime d’El
Assad. Les experts onusiens n’ont cependant pas encore rendu publique leurs
conclusions que médias et chefs de gouvernements sont convaincus que le seul
responsable en est Bachar El Assad lui-même. Voilà donc, à entendre certains,
que la « ligne rouge » a été franchie, celle qui justifie une
déclaration de guerre. Déjà les navires sont en position et les missiles prêts
à être lancés.
Car
ce à quoi on assiste est quand même étonnement grave. Je sais bien que des conflits
militaires ont éclaté parfois pour pas grand chose, mais là, vouloir
« punir » un dictateur en lui lançant quelques missiles… et
après ?.... A-t-on songé aux conséquences ?... Si commencer une
guerre est affligeante de facilité… on n’a jamais su prévoir comment en
terminer une avec la même aisance.
Le
conflit syrien a fait depuis deux ans plus de 130 000 morts. Des exactions ont
été commises par toutes les parties en présence, beaucoup pouvant être
qualifiées de crimes de guerre. Alors me direz-vous, une attaque chimique faisant
350 morts, sans en minimiser l’importance, n’a pas forcément plus de
signification stratégique ou politique que quelques autres centaines de civils
assassinés en d’autres lieux. Faut-il alors subitement se lancer dans une
guerre « à distance » (missiles de croisière ou bombes à guidage
laser), aux conséquences incertaines ?... Avec quels objectifs finaux...
et quelles limites ?... Amoindrir les forces d’El Assad ?... Le
chasser au profit d’une coalition hétérogène composée essentiellement
d’islamistes radicaux proches d’Alqeïda et financés par le Qatar, l’Arabie
Saoudite ou la Turquie ?... Rien n’est clair.
Si
le régime alaouite n’a pas hésité à massacrer à l’arme chimique des civils dans
sa propre capitale à quelques kilomètres seulement de l’hôtel où résidaient des
inspecteurs de l’ONU, est-il possible d’imaginer rationnellement la réaction
d’un dictateur aux abois si on lui balançait quelques missiles ?... Il
pourrait aussi bien, avec ses alliés, s’engager dans des folies meurtrières incontrôlées
et mettre la région à feu et à sang. La « punition » des occidentaux
aurait alors eu des effets collatéraux désastreux.
Par
ailleurs, une punition trop
« légère » pourrait communiquer un faux message de mollesse et
aboutir à un résultat tout aussi catastrophique. Je crains que les dirigeants
occidentaux se précipitent un peu trop vite dans un conflit qu’ils ne
maitriseront absolument pas. Israël, à juste titre, s’inquiète de cette
escalade et du risque d’embrasement sur ses frontières. Et je ne parle pas du
problème posé par la « bombe » iranienne… toujours en suspens. Autant
dire qu’il va faire « chaud » au Moyen-Orient dans les prochains
jours…
Et
à l’occasion des prochaines élections en France, c’est sûr, le Président
Holland va se faire « punir » par les Français, et il n’y aura pas
besoin d’experts pour désigner de responsable.
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