Par Olivier MELNICK (traduit de l'Anglais)
En 2005, l’Assemblée
Générale des Nations Unies a adopté la résolution 60/7 choisissant
officiellement le 27 janvier comme Journée internationale de commémoration en
mémoire des victimes de la Shoah. Il s’agit du jour où le monde entier est
supposé se souvenir de la Shoah et de ses victimes. 2016 marque le 71e
anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz-Birkenau. Aujourd’hui, plus
que jamais, le mot d’ordre « PLUS JAMAIS » doit être répété aux plus âgées d’entre nous et enseigné aux plus jeunes,
car bien peu des survivants de la Shoah sont encore en vie de nos jours. Nous
courrons donc le risque d’oublier l’un des plus importants, sinon le plus
tragique des génocides de l’histoire humaine.
Cette date est différente de celle retenue dans le monde juif pour la
commémoration de Yom HaShoah et qui a
lieu chaque printemps en Israël. La Journée internationale est un événement
parrainé par l’Organisation des Nations Unies. Quand bien même j’ai perdu toute
confiance en la capacité ou même la volonté de l’ONU à tenir une posture
honnête envers Israël, j’ai apprécié la déclaration du Secrétaire Général Ban
Ki-Moon : « Nier les faits
historiques, surtout sur un sujet aussi important que celui de la Shoah, n’est
tout simplement pas acceptable. Il est tout aussi inacceptable d’appeler à l’élimination
de tout État ou peuple. J’aimerais voir ce principe fondamental respecté à la
fois dans la rhétorique et en pratique par tous les membres de la communauté
internationale ». Bien entendu, si l’on considère toutes les pressions exercées à l’ONU
par de nombreux pays qui sont des ennemis déclarés de l’État juif, on imagine
sans peine la tension existante et permanente entre l’affirmation des faits
avérés historiques et le politiquement correct de rigueur dans ce cercle.
En 1978, l’antisémite ardent Willis CARTO a fondé l’Institut pour le Révisionnisme Historique (IHR). M. CARTO est décédé l’année passée, mais le site web de son Institut est toujours en place. De plus, ses administrateurs prétendent ne pas être des négationnistes. Leur site internet présente de nombreux livres, vidéos, CD et DVD faisant la promotion de leur point de vue. Il convient de remarquer qu’un site intitulé « Institut pour le Révisionnisme Historique » traite bien évidemment presque exclusivement du négationnisme de la Shoah et des théories de cabale juive. IHR est l’un des nombreux sites vantant les thèses du révisionnisme historique. Ils ont en commun de focaliser leur attention sur Israël, les Juifs et la Shoah plus que tout autre sujet. Leur « révisionnisme » a donc une thématique quasi unique qui montre clairement leur antisémitisme patent.
D’un
côté, c’est seulement quand il s’agit de la Shoah que les critiques fusent,
portées par de pseudo-arguments scientifiques relatifs à la catastrophe juive.
Des individus comme David IRVING, Louis FAURISSON, Roger GARAUDY, Louis
FARRAKHAN ou même Bobby FISHER ne sont que quelques-unes des personnalités
connues du « panthéon » de l’antisémitisme et du négationnisme. Cela
semble être une obsession pour ces hommes (et beaucoup d’autres) de « prouver »
que la catastrophe juive était un gigantesque supercherie.
D’un
autre côté, très peu de personnes, s’il en est, n’ont souhaitées écrire de
livres pour minimiser ou même nier d’autres événements tels que les massacres au
Soudan, la guerre au Kosovo, le génocide arménien ou même les massacres sous Staline.
Toutes ces tragédies (et bien d’autres encore à travers l’histoire) entrainèrent
la mort de millions de personnes innocentes. Pourtant, lorsque l’on évalue l’intérêt
porté à la négation de la Shoah, par rapport à tout autre génocide ou conflit sanglant
dans l’histoire, il apparait un déséquilibre flagrant. Comment l’expliquer ?
En
outre, il ne viendrait à l’esprit de personne de tenir un groupe ethnique ou « sous-groupe »
collectivement responsable de quelque génocide ou meurtres de masse, tandis qu’une
petite partie seulement de ce même groupe serait à incriminer. Mais s’agissant
des Juifs et d’Israël vis-à-vis des Arabes palestiniens, la perspective change subitement
et radicalement pour établir une culpabilité assurément collective. Ceci étant,
« l’accusation » est bien incapable de « démontrer »
que les Juifs israéliens sont coupables de « nettoyage
ethnique » à l’encontre des Palestiniens ;
ce qu’ils ne sont pas bien entendu. Mais, à supposer un instant qu’ils le soient,
la question se pose alors : « Pourquoi tous les Juifs du monde devraient-ils être
responsables de ce que les Israéliens “infligeraient” aux Palestiniens ? »
Logiquement, aucune responsabilité collective ne devrait s’appliquer à eux,
n’est-ce pas ? Mais malheureusement, l’antisémitisme entre dans
une tout autre « logique ».
Si nous suivons le même « raisonnement » énoncé plus haut, tous les Turcs et de tous les temps devraient être tenus collectivement responsables du génocide arménien perpétré au début du 20e siècle. Il y a probablement, à l’échelle du monde, un bien faible nombre de personnes détestant les Turcs, mais même parmi celles-ci, aucune n’aurait l’idée de considérer tous les Turcs, peut-être même de tous les temps, responsables en quelque sorte par procuration. Pourtant, c’est ce même principe de responsabilité « collective » qui s’est imposé à chaque Juif, en tout lieu et en tout temps de l’Histoire. Même les personnes juives aujourd’hui — aussi difficile que cela puisse se concevoir — ne considèrent pas tous les Allemands (d’il y a 70 ans, comme de nos jours) comme des nazis.
Après
tout, peut-être faut-il voir la démarche actuelle des négationnistes de la Shoah
comme ciblant en premier lieu le Juif — au sens générique — c’est-à-dire le Juif partout dans le monde et à toutes
les époques — pour le diaboliser et l’ostraciser à outrance. Cela pourrait
conduire le monde entier à considérer les Juifs comme des « sous-hommes »,
un concept élaboré par Hitler et utilisé pour justifier la Solution Finale au
problème juif. En conséquence, aussi paradoxal que ce soit, le négationnisme de
la Shoah pourrait conduire à une autre Shoah.
N’est-ce pas là une excellente raison — sinon la meilleure raison — pour continuer à nous souvenir de la Shoah ? Et nous opposer aux négationnistes fomenteurs d’une nouvelle Shoah ? Nous devons par ailleurs également continuer à rappeler le souvenir du génocide arménien, même si celui-ci ne semble pas faire l’objet d’autant de contestation, sauf parmi les Turcs. Le même principe de commémoration en souvenir des victimes, quelles qu’elles soient, s’applique à tous les autres génocides connus. Même si le sentiment de lassitude et de découragement nous assaille, nous devons continuer à témoigner sans relâche, aussi longtemps que des individus essayeront d’affirmer que la Shoah n’a jamais eu lieu. Il est de NOTRE devoir, en tant qu’êtres humains dignes, de tout faire pour démontrer que le drame de la Shoah s’est bien produit, car bientôt, les derniers témoins encore vivants de cette catastrophe seront tous partis.
Isaïe 63:9
Dans
toutes leurs détresses, il a souffert avec eux, et l’ange qui est devant lui
les a sauvés.
C’est
lui-même qui les a rachetés, dans son amour et sa compassion, et constamment,
par le passé, il les a soutenus et portés.
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