Je ne
sais pas ce que l’on retient le plus chaque année de la fête de Pourim. Les époques se suivent et il
semble que le peuple d’Israël s’adapte toujours plus à l’ère de son temps.
Tantôt à la fête, tantôt dans l’inquiétude. Je le crains plus souvent le visage
fermé que le sourire aux lèvres. Au fil du temps, on en a fait peut-être une célébration
surtout pour les enfants. Pour les rassurer ?... Masquer nos propres doutes ?...
Pourtant, à considérer les siècles passés et les générations toutes proches de
la nôtre, la « victoire » sur les ennemis des Juifs a eu un goût amer. La
souffrance et la mort ont côtoyé de prés l’annonce de la libération.
Il
semble qu’Israël soit constamment en train de renaître de ses cendres, celles-là mêmes qui rappellent le
sacrifice consenti par les uns pour que d’autres vivent et perpétuent la « mémoire »,
l’alliance immuable de Dieu avec son peuple, celui qu’il s’est choisi.
Pourim est la dernière des célébrations du calendrier liturgique juif. Dans
quelques semaines à peine, ce sera Pessa’h,
la première et la plus importante des fêtes juives, celle qui conditionne
toutes les autres. La proximité des deux fêtes ne doit rien au hasard, même si
plus de 1000 ans les séparent.
Dans
l’une comme dans l’autre, un « adversaire » s’est dressé pour détruire le
peuple juif. Et sa fin a été une défaite venant assurément de Dieu.
Beaucoup
se demandent si Pourim a véritablement
un caractère religieux, s’il ne s’agit pas en réalité d’un récit nationaliste,
enjolivé pour la circonstance.
Sauf
qu’à y regarder de prés, à Pourim, il
est manifeste que Dieu agit de manière circonstanciée et que les Juifs, comme
leurs adversaires, sont en définitive bien obligés de le reconnaître.
Cette
reconnaissance indique clairement que le récit de Pourim n’est pas qu’une histoire du passé. Il est le prototype
d’une réalité qui se répète comme autant de batailles
menées par un adversaire spirituel
qui s’oppose au Dieu créateur et au peuple qu’il chérit, le signe sur la terre
et dans l’histoire de son action en faveur du genre humain.
Au
milieu de la fête, pensons-y. La megilah
d’Esther racontée de manière tonitruante aux enfants n’en aura qu’un accent plus
fort. Les regards émerveillés et fiers des bambins prompts à agiter leurs crécelles
ou à taper du pied en entendant le nom de l’infâme persécuteur des
Juifs n’en seront que plus profondément gravés dans les mémoires. Et le
goût des fameuses « oreilles » d’Haman à la confiture en restera plus longtemps
encore dans la bouche.
… En
attendant celui des matsot de Pessa’h et le rappel de l’agneau
sacrifié pour nous racheter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire