Il ne s’agit pas d’une nouvelle affaire sordide de pompes
funèbres qui se « disputeraient » un marché ou encore de quelques sépultures
anciennes et anonymes qui empêcheraient la réalisation d’un tronçon
d’autoroute. Dans ce dernier cas, il est plus que certain qu’on ne toucherait
pas à un seul de ces os, quand bien même on ne trouverait pas trace de famille
déposant un recours devant les tribunaux.
« L’affaire » qui se cache derrière le récent décret
officiel du 26 mai 2016 (9 juin 2016 au JORF) produit par des bureaucrates
poussiéreux et anonymes est plus importante et dramatique qu’on ne pourrait le
croire.
En effet, tout commence par un échange, en 1968, de
courriers entre représentants officiels français et algériens visant à « regrouper »
les tombes de civils français de divers cimetières en Algérie. Le pourquoi de
cette proposition n’est pas indiqué, mais on le suppose assez aisément. Entendons-nous
bien ! Le « regroupement » ainsi formulé ne signifie rien de moins que de
déterrer les morts pour rassembler leurs ossements dans une fosse commune ou un
ossuaire. Vu l’ampleur de la tâche et l’impact psychologique prévisible (si peu
d’années après la guerre), le projet est finalement resté dans les cartons.
Sauf qu’il semble qu’un fonctionnaire algérien, plus zélé
que d’ordinaire, ait récemment « déterré » de vieux papiers et incité son gouvernement à faire pression sur « l’ex-colon »
afin que les dernières traces de « l’occupant » disparaissent complètement.
Qu’il en ait été véritablement ainsi ou autrement, le résultat est ce décret
officiel invitant les éventuelles familles ayant des défunts dans ces
cimetières à produire dans les 6 prochains mois, justificatifs et documents
permettant le rapatriement des dépouilles en métropole. Est-il besoin d’ajouter
que ce rapatriement est aux frais des familles — sans doute plusieurs milliers
d’euros.
J’ajoute que sont concernés par ce décret presque
exclusivement des cimetières juifs. Quand on découvre par ailleurs que beaucoup
de ces caveaux familiaux ont été achetés « très chers » pour des concessions « permanentes »,
la décision algérienne, appuyée par le gouvernement français, est bien plus que
du cynisme et de l’irrespect dû aux morts.
L’administration sait pertinemment que très peu de familles,
parties précipitamment lors de la débâcle française, pourront produire les documents
demandés permettant le « déménagement » des dépouilles de leurs parents. Qui
donc à cette époque pouvait imaginer que l’on en viendrait un jour à déterrer
les morts et effacer ainsi leur souvenir ?
Sous un décret quasi anonyme et aux apparences des plus
bureaucratiques, se cache en réalité une mesure antisémite qui ne dit pas son
nom. Comment donc quelques tombes israélites peuvent-elles déranger à ce point ?
Nul projet pharaonique ou non n’est projeté sur ou en limite de ces cimetières.
Le gouvernement français se fait ainsi complice d’une décision antisémite
algérienne.
Les nazis en leur temps, dans leur acharnement à
déshumaniser les Juifs, étaient au moins « clair » dans leur message. Les Juifs
n’auraient pas de sépultures comme les « humains ». Mais dans le cas présent,
dans un but parfaitement identique, la « décision » est revêtue des habits honorables de la bureaucratie et
de l’administration républicaine. Elle vient à la fois de tous et de personne, un
anonymat bien commode qui devant le tribunal de Dieu aura cependant un visage.
Je ne sais où se trouvent les tombes de mes arrière-arrière-grands-parents en
Algérie, mais de les savoir bientôt saccagées ne m’indiffère pas.
Je trouve profondément scandaleux que le ministère des affaires étrangères, voire le gouvernement puisse cautionner cette décision. Mais il est peut-être simplement "au pied du mur", sachant que l'Algérie est un pays souverain et que la France devenue insignifiante dans le monde ne peut pas s'opposer à cette décision.
RépondreSupprimerIl n'y a donc que deux possibilités : accepter le regroupement des restes dans un ossuaire ou les rapatrier en France à grands frais !
Voici le lien du l'article du Journal Officiel : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=4DF2D0F8F1BD13ED8357FE86472199EF.tpdila18v_3?cidTexte=JORFTEXT000032669248&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000032669237