vendredi 19 octobre 2012

Les Juifs « hébergés » en France… ?

Notre pays est réputé pour sa générosité et l’accueil qu’il a toujours consenti aux plus faibles et aux plus démunis, que ce soient des demandeurs d’asile ou toutes sortes de gens issus de minorités persécutées.

C’est ainsi que notre pays a depuis des générations accueilli, avec plus ou moins de fortune, des populations en marge. Les Juifs eux-mêmes ont été en leur temps accueillis avec bienveillance, même s’ils ne goûteront véritablement à la citoyenneté française qu’après la révolution. La communauté juive, quoique cultivant sa singularité culturelle et religieuse, est souvent présentée en modèle d’intégration, voire même d’assimilation, et forge aujourd’hui  l’identité française au même titre que toutes les composantes de la communauté nationale.

Voilà donc que l’AFP (Agence France Presse), le 9 octobre dernier, a cru nécessaire de formuler les choses de la façon suivante : « la France héberge entre 350 000 et 500 000 juifs, selon les estimations ». Je ne polémiquerai pas sur les estimations erronées qui de toutes les manières sont impertinentes, dès lors que tout sondage sur la base de la race ou de la religion est interdit dans notre pays  depuis un décret d’août 1944. C’est plutôt l’idée que la France « héberge » des Juifs qui doit surprendre, pour ne pas dire plus… Merci à Guy Konopnicki du magazine Marianne d’avoir fait remarquer à l’AFP son « erreur » - corrigée le lendemain. Il est clair que l’idée qu’une nation « héberge » une population, sous-entend bien des choses et notamment que cette dernière lui est étrangère, ce qui n’est bien évidemment pas le cas des Juifs qui sont considérés comme des individus intégrés.

Anecdotique cette histoire ?... Peut-être. Ou peut-être faudrait-il finalement mettre tout cela sur le compte d’une erreur sémantique de la part d’un journaliste trop pressé ou trop zélé ?...

Mais comment donc un « esprit » bien éduqué a-t-il pu imaginer un seul instant que la communauté juive puisse être hébergée en France ?... L’erreur aurait-elle pu être commise s’agissant des Alsaciens ou des Bretons ?... Certes non. D’où vient donc que l’on prête aux Juifs de ne pas faire tout à fait partie de la communauté nationale ?... On se le demande.

Mais d’erreur en erreur, de plus en plus de Juifs s’interrogent sur la pertinence à rester encore en France. L’insécurité y est grandissante pour les Juifs et, de l’avis de tous, cela ne va pas aller en s’améliorant. Se promener avec une kippa sur la tête ou, tout simplement, avoir une bonhomie trop typée, devient une entreprise à risque élevé.
Beaucoup a déjà été écrit sur le sujet et la plupart des Juifs sont probablement partagés entre deux options : La première, celle d’une capitulation face à la pression ambiante et l’impossibilité de vivre en définitive comme tous les autres citoyens français. A terme, cela signifie faire ses valises et quitter « l’hébergement temporaire » que la France nous avait apporté. La seconde, sans doute plus téméraire, vise à relever le défi en montrant que nous avons pleinement notre place au sein de la communauté nationale, gommant les erreurs que trop insupportables dont nous sommes l’objet.

L’une comme l’autre risquent fort de renforcer le dilemme qui se présente à chaque Juif. Le renforcement de son identité ou son assimilation totale. Existe-t-il une autre option?... Et pour combien de temps ?...

J’aime à penser que la place du peuple d’Israël parmi les nations n’est que pour un temps, comme l’évoque le prophète Ezéchiel (39.22 à 39) :

La maison d’Israël reconnaîtra que je suis l’Éternel, son Dieu, Dès ce jour et à l’avenir. Les nations reconnaîtront que c’est à cause de ses fautes Que la maison d’Israël a été déportée, A cause de ses infidélités envers moi ; Aussi leur ai–je caché ma face, Et je les ai livrés entre les mains de leurs adversaires Afin qu’ils tombent tous par l’épée. Je les ai traités selon leurs souillures et leurs crimes, Et je leur ai caché ma face. Eh bien ! Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Maintenant je ramènerai les captifs de Jacob, J’aurai pitié de toute la maison d’Israël Et je serai jaloux de mon saint nom. Alors ils oublieront leur opprobre Et toutes les infidélités qu’ils ont commises envers moi. Ils habiteront en sécurité sur leur territoire, Sans que personne ne les trouble. Quand je les ramènerai d’entre les peuples, Quand je les rassemblerai des pays de leurs ennemis, Je serai sanctifié par eux Aux yeux de beaucoup de nations. On reconnaîtra que je suis l’Éternel, leur Dieu, Qui les avait déportés chez les nations Et qui les réunit sur leur territoire ; Je ne laisserai là–bas aucun d’entre eux. Et je ne leur cacherai plus ma face, Car je répandrai mon Esprit sur la maison d’Israël, –– Oracle du Seigneur, l’Éternel.

Le contexte est celui des temps de la fin, mais je pense qu’en dépit des apparences, Dieu reste au contrôle de la situation et qu’il ne laissera pas un seul de ses enfants en arrière.

On peut s’inquiéter de perdre beaucoup ici-bas, mais qu’est-ce donc en comparaison de ce que le Seigneur nous prépare ?... A l’instar d’Abraham, nous ne sommes jamais que des résidents temporaires sur cette terre.
Finalement, cela me « plaît bien » d’être considéré comme un « hébergé » temporaire… Il faudra bien faire ses valises un jour et je n’aime pas porter trop lourd.

mercredi 10 octobre 2012

La stratégie de « l’autruche » qui ne paiera pas…

Ces derniers jours, les forces de police ont procédé à l’arrestation d’une douzaine d’islamistes radicaux impliqués dans l’attentat contre une boutique cacher de Sarcelles. Il semble que l’enquête ait également déterminé que ce même groupuscule préparait d’autres attentats à l’explosif contre des institutions juives.

Le ministre de l’Intérieur a souligné avec justesse la gravité des faits commis et/ou en préparation. Que les cibles aient été juives et les auteurs musulmans embarrasse certes, mais sans surprendre complètement les médias.

Zappant dernièrement d’une chaîne d’information à une autre, j’ai pu prendre la mesure de tout ce qui était fait pour dédramatiser et limiter l’ampleur des mouvements islamistes démantelés, quand bien même ils seraient plusieurs centaines dans le pays à pouvoir passer à « l’acte » sans que l’on puisse l’anticiper. Et de rappeler les affaires les plus récentes comme celle des assassinats commis par Merah l’année passée. Des assassinats d’enfants qui resteront gravés dans les mémoires pour longtemps. Les journalistes ne manquent pas de souligner le sérieux de la situation, mais il convient à leurs yeux avant tout de ne surtout pas faire d‘amalgame avec la religion de paix qu’est l’Islam. Les énergumènes qui, il y a quelques jours, ont lancé une grenade dans ce magasin cacher sont presque présentés comme des épiphénomènes analphabètes qui ne savent pas interpréter correctement le Coran et ne savent que se nourrir d’une haine farouche à l’encontre des Juifs, un antisémitisme quasi spontané, né d’un esprit dérangé ou malade.

On veut nous donner l’impression que cet antisémitisme de banlieue, violent et issu d’une population musulmane mal intégrée, est une réalité récente et marginale.

Or il n’en est rien. Cela fait des décennies que des attentats sanglants visent la communauté juive française et ses institutions. Que le Président Hollande d’un côté, des dirigeants politiques de tous bords de l’autre, s’évertuent à rappeler que la France ne permettra pas que l’on s’attaque à ses concitoyens juifs sur la base de  leur appartenance religieuse ressemble que trop à un aveu d’impuissance face aux cris d’une haine suant des quartiers chauds des grandes villes.

Le discours, aussi volontariste qu’il puisse paraître, n’en demeure pas moins vidé de sa substance et comparable à l’autruche enfouissant sa tête dans le sable, ne voulant pas voir la réalité en face.
La France continue à refuser de classer le Hezbollah irano/libanais parmi les milices terroristes qui avec la quasi-totalité des organisations violentes anti-israéliennes sont avant tout animées par une haine antisémite viscérale d’origine religieuse.

L’Islam est présenté officiellement comme une religion de paix, mais les autorités refusent d’entendre les discours au mieux ambigus, mais souvent ouvertement antisémites et anti-occidentaux, que l’on entend ici et là dans certaines mosquées de notre pays et de la part d’imams parfois autoproclamés de banlieue ou dans les prisons. Il s’agit ici d’une « bombe » à retardement qui a déjà commencé à péter à la figure des politiques. Reste que Monsieur Prasquier (Président du CRIF) a eu raison de comparer l’islamisme radical au nazisme, n’en déplaise à Monsieur Bruno Le Maire (ancien ministre UMP) qui craint peut-être que la comparaison enflamme les banlieues qu’il ne voit pas déjà brûler. L’idéologie de haine et de destruction du peuple juif se retrouvent en commun de ces deux mouvements qui prônent le meurtre de tous les Juifs. Faire ce constat conduit forcément à devoir prendre des mesures adaptées pour faire face à l'un comme à l'autre de ces fléaux. Mais qui en paiera le prix?...

Faire un mauvais diagnostic ou se tromper de diagnostic est déjà en soit une erreur qui peut s’avérer fatale. Faire le bon diagnostic et choisir le mauvais traitement n’aboutit pas une meilleure issue. Mais faire le bon diagnostic et refuser d’entreprendre la thérapie qui s’impose, c’est une attitude coupable dont nos dirigeants devront rendre compte.

Finalement, dans cette histoire d’autruche qui enfouie sa tête, je n’ai jamais trop compris ce qui en définitive lui arrivait. Probablement le pire…

Guy ATHIA