jeudi 12 septembre 2013

Vous aimez les quenelles?...


Et non ! Au Berger d’Israël, on ne verse pas d’un seul coup dans les recettes de cuisine et les spécialités lyonnaises. D’autres le font bien mieux que moi. Il s’agit de tout autre chose.

Il se trouve dans notre pays des individus qui, revêtus de l’autorité que leur confère l’uniforme (militaire, police, pompier), se ventent de leurs opinions antisémites et les font connaître via la « toile » sans que cela préoccupe à outrance les autorités supérieures qui les commandent.

Venons en à la fameuse « quenelle » et la querelle qu’elle provoque. Il s’agit en fait d’un « salut » nazi inversé inventé par le tristement célèbre Dieudonné, militant antisémite notoire. Or voilà que des photos montrant des militaires exhibant la « quenelle » devant une synagogue à Paris provoquent l’hydre. C’est que ces mêmes militaires sont censés justement protéger cette synagogue dans le cadre du plan Vigipirate. Pas de quoi être rassuré…



Pour l’heure, les autorités annoncent une « réaction » et des mesures disciplinaires… On attend de voir du concret. Mais le phénomène prolifère comme la gangrène…

Voyez plutôt l’excellent article de Ilan Tsadik à ce sujet sur le site de la MENA : www.menapress.org  (Exclure immédiatement les dieudo-nazillons de l'Armée et de la police)

mercredi 28 août 2013

Faire la guerre pour… « Punir » !


Le sujet est trop sérieux pour en sourire… mais quand même, on croit « rêver » quand le Président de la république française, monsieur François Holland, déclare vouloir « punir » Bachar El Assad pour sa récente attaque supposée de civils à l’arme chimique. Ce peut-il que durant ses « courtes » vacances, quelqu’un ait initié notre président à un quelconque wargame sur PC ?...

Entendons-nous bien. L’attaque supposée de civils – la dernière évaluation sérieuse parle de 350 morts – avec des armes chimiques est parfaitement indigne et relève du crime de guerre passible de jugement, et pas seulement devant le tribunal de l’Histoire. Quant à savoir si la responsabilité relève de l’un ou de l’autre des protagonistes en conflit… difficile de le dire et le saura-t-on seulement un jour ?... Peu importe, la probabilité est quand même que la perpétration de cette attaque soit le fait des troupes loyales au régime d’El Assad. Les experts onusiens n’ont cependant pas encore rendu publique leurs conclusions que médias et chefs de gouvernements sont convaincus que le seul responsable en est Bachar El Assad lui-même. Voilà donc, à entendre certains, que la « ligne rouge » a été franchie, celle qui justifie une déclaration de guerre. Déjà les navires sont en position et les missiles prêts à être lancés.
Car ce à quoi on assiste est quand même étonnement grave. Je sais bien que des conflits militaires ont éclaté parfois pour pas grand chose, mais là, vouloir « punir » un dictateur en lui lançant quelques missiles… et après ?.... A-t-on songé aux conséquences ?... Si commencer une guerre est affligeante de facilité… on n’a jamais su prévoir comment en terminer une avec la même aisance.
Le conflit syrien a fait depuis deux ans plus de 130 000 morts. Des exactions ont été commises par toutes les parties en présence, beaucoup pouvant être qualifiées de crimes de guerre. Alors me direz-vous, une attaque chimique faisant 350 morts, sans en minimiser l’importance, n’a pas forcément plus de signification stratégique ou politique que quelques autres centaines de civils assassinés en d’autres lieux. Faut-il alors subitement se lancer dans une guerre « à distance » (missiles de croisière ou bombes à guidage laser), aux conséquences incertaines ?... Avec quels objectifs finaux... et quelles limites ?... Amoindrir les forces d’El Assad ?... Le chasser au profit d’une coalition hétérogène composée essentiellement d’islamistes radicaux proches d’Alqeïda et financés par le Qatar, l’Arabie Saoudite ou la Turquie ?... Rien n’est clair.

Si le régime alaouite n’a pas hésité à massacrer à l’arme chimique des civils dans sa propre capitale à quelques kilomètres seulement de l’hôtel où résidaient des inspecteurs de l’ONU, est-il possible d’imaginer rationnellement la réaction d’un dictateur aux abois si on lui balançait quelques missiles ?... Il pourrait aussi bien, avec ses alliés, s’engager dans des folies meurtrières incontrôlées et mettre la région à feu et à sang. La « punition » des occidentaux aurait alors eu des effets collatéraux désastreux.
Par ailleurs, une punition trop « légère » pourrait communiquer un faux message de mollesse et aboutir à un résultat tout aussi catastrophique. Je crains que les dirigeants occidentaux se précipitent un peu trop vite dans un conflit qu’ils ne maitriseront absolument pas. Israël, à juste titre, s’inquiète de cette escalade et du risque d’embrasement sur ses frontières. Et je ne parle pas du problème posé par la « bombe » iranienne… toujours en suspens. Autant dire qu’il va faire « chaud » au Moyen-Orient dans les prochains jours…
Et à l’occasion des prochaines élections en France, c’est sûr, le Président Holland va se faire « punir » par les Français, et il n’y aura pas besoin d’experts pour désigner de responsable.

vendredi 16 août 2013

LES MELANGES IMPOSSIBLES ET EXPLOSIFS…


Il y a des jours où certains voudraient être comme des autruches qui enfoncent leurs têtes dans le sable, histoire de ne plus voir à la télévision des hommes s’entretuer continuellement dans des conflits sans issues. C’est qu’en ce qui concerne la guerre en Syrie, s’éternisant depuis plus de deux ans, les médias ont fini par s’en désintéresser… du moins jusqu’à ce que le nombre de morts dépasse la mesure ou celui d’un autre conflit voisin.

En ce moment, c’est en Egypte que cela « chauffe » et on ne voit pas trop ce qui pourrait empêcher une guerre civile, sinon par la victoire du plus « fort »… et encore.
On a l’impression que les « disputes » s’enclenchent dès lors que l’Occident tente « d’imposer » un régime démocratique à des peuples qui n’en ont cure. A y regarder de près, c’est essentiellement sinon exclusivement dans des pays musulmans qu’éclatent ces tensions et conflits armés. En Syrie, en Lybie, au Liban, en Tunisie même, ainsi qu’en Egypte. Partout, des dictatures ont été renversées ou sont sur le point de l’être.

Il y a quelques jours, lors d’une émission radiophonique, journalistes et invités tentaient d’analyser les situations justement dans ces pays là, lançant quelques idées pour amorcer des solutions aux conflits ouverts ou larvés. Le courage a manqué cependant pour évoquer le fait que ces pays étaient tous musulmans et que sur le fond, l’Islam par essence ne se conjugue pas avec la démocratie telle que nous la vivons en Europe ou en Amérique. Le fait d’imposer une même loi (la Charia) à tous les citoyens d’une même nation, quelle que puisse être sa religion, et de fait empêcher tout musulman d’opter pour une autre foi, au risque de s’exposer à la mort, constituent en soit le fond du problème. Ceux qui imaginent un Islam de France ou d’Europe, déconnectés de ces réalités ou dogmes totalitaires, n’ont rien compris ou ne veulent rien comprendre. Là aussi, il y a des « autruches » aveugles.



Entendons-nous bien, la plupart des Musulmans sont de pacifiques voisins avec lesquels il est tout à fait possible de s’entendre. Mais, la revendication de plus en plus forte de certains est de disposer d’une législation qui leur est propre, distincte de celle de la République, quitte à adapter cette dernière. Dans certaines banlieues, les plus extrémistes n’hésitent pas à contester la loi française pour imposer « leurs lois » et sanctuariser leur quartier comme s’il s’agissait d’un califat.

Les solutions ?... Commencer par appeler un « chat » un « chat » et réaffirmer ce qui constitue nos valeurs, sans langue de bois. Refuser que l’on nous impose le dictat d’une religion quelconque et des « valeurs » qui lui sont associées. Je sais bien que cette démarche n’est pas très « diplomate », mais elle constitue la seule base d’un dialogue véritable et équilibré… ou d’un rapport de force.

Yéchoua’, le Messie, n’a jamais tenu un langage ambigu ou équivoque. Il a dénoncé le péché là où il était et n’a pas reculé devant la confrontation avec les chefs religieux dans leur hypocrisie, quitte à en payer le prix.

Les pays musulmans qui s’essaient à la démocratie occidentale n’aboutiront qu’à d’autres formes de dictatures plus ou moins tolérantes. Elles ne sortiront grandies que lorsqu’elles reconnaitront véritablement l’élection d’Israël dans le plan de Dieu et son Messie Yéchoua’. Entre la bénédiction d’Abraham et la malédiction, il faut choisir… La bénédiction va à la reconnaissance du Messie.

La démocratie cependant n’est pas la panacée et, même en Occident, elle a parfois accouchée de dictatures… Hitler entre autres… et plus sournoisement celle du matérialisme, de l’égocentrisme ou de la laïcité exacerbée. Nous ne sommes hélas pas non plus à l’abri de mélanges explosifs.

lundi 1 juillet 2013

Tu diras à ton fils!


(Publié dans le n°568 du Berger d'Israël)

De toutes les fêtes juives, Pessah’ est sans doute la plus ancienne et celle qui s’inscrit bien au-delà de l’ordonnance biblique, comme une expérience d’abord profondément vécue et à vivre.

Depuis 3500 ans, le peuple d’Israël commémore ainsi la sortie d’Egypte et la libération de l’esclavage de toute la famille de Jacob devenue en quelques siècles seulement un peuple innombrable.
Plus encore qu’une tradition familiale, Pessa’h est le récit d’une rédemption que Dieu lui-même a acquise pour son peuple. Aujourd’hui, elle représente comme une invitation récurrente à répondre à la « main tendue de Dieu » en ce jour. Et parce que l’agneau pascal représente aussi le signe prophétique d’une rédemption plus excellente que Dieu réalise au travers son Messie Yéchoua’, nos regards se doivent de traverser l’histoire et pointer vers le sacrifice du Messie, justement le jour de Pessa’h, quelques 1500 ans après la sortie d’Egypte.

Mais le plus étrange est encore cette dernière fête de Pessa’h célébrée par Yéchoua’ avec ses talmidim – ses disciples – quelques heures seulement avant d’éprouver les souffrances atroces de la crucifixion.
Que s’est-il donc passé durant ces jours entourant la période de la Pâque où Yéchoua’ devait mourir ?...

Au-delà des mots et des phrases, comment comprendre cet évènement capital dans le cadre duquel Yéchoua’ institue la Sainte Cène, le pain et la coupe, ces deux symboles de la Nouvelle Alliance qui est conclue non seulement avec les Juifs, mais aussi avec tous les hommes ?...


En ce début de printemps, c’est une grande foule qui converge vers Jérusalem. C’est le grand rassemblement annuel au cours duquel des dizaines de milliers d’agneaux vont être sacrifiés et mangés.
Normalement, un agneau devait servir à un groupe de 10 à 20 personnes maximum. Ni plus, ni moins.

Yéchoua’ envoie deux de ses disciples - Pierre et Jean - préparer la salle pour le repas.
Celui-ci est organisé la veille de la Pâque « officielle »[1]. Cette année là, c’était sans doute le jeudi soir que l’agneau devait être tué et mangé, or Yéchoua’ rassemble ses disciples le soir précédent, probablement le mercredi[2]. Pourquoi cela ?...
Certains pensent que Yéchoua’, en tant que rabbin plutôt controversé, a préféré ne pas se mêler à la masse des pèlerins qui allaient se bousculer le lendemain.
D’autres pensent qu’il y avait en fait à ce moment là plusieurs courants dans le judaïsme et qu’il existait au moins deux traditions qui fixaient des dates différentes pour le repas de la Pâque.
Quoiqu’il en soit, pour les auteurs des Evangiles, pour les disciples, comme pour la plupart des historiens, le choix d’un soir différent de celui des pharisiens pour le repas Pascal ne pose pas particulièrement problème.

Ce repas de la Pâque, si important et si réjouissant pour les Juifs, est pour les disciples marqué par le drame qui se prépare et une certaine tension.
Les disciples se réunissent effectivement le soir dans la salle où tout a été préparé avec soin.

A cette époque, la cérémonie de Pessa’h est déjà organisée et réglée par des ordonnances précises contenue dans ce qu’on appelle aujourd’hui encore un Seder - terme en hébreu qui signifie « ordre ».
Le Seder pratiqué de nos jours par les Juifs est, à quelques détails près, assez semblable à celui que vivaient les Juifs au début du premier siècle.

Voyons ce que nous rapportent d’un coté les Evangiles, de l’autre la tradition historique. Nous n’avons aucune raison de penser que Yéchoua’ et ses disciples aient suivi d’autres règles pour le Seder que celles en vigueur parmi leurs contemporains. Les auteurs des Evangiles ne mentionnent pas tous les détails, mais mettent en relief les points les plus importants.
Toutes ces  indications seraient sans grande importance, si elles ne déterminaient pas le cadre dans lequel Yéchoua’ institue la Sainte Cène.

Parmi les nombreuses étapes du Seder de Pessa’h, nous nous attarderons principalement à celles mentionnées dans les Evangiles de Luc ou de Jean :

Luc 22 : 14-18
L’heure venue, il se mit à table, et les apôtres avec lui.
Il leur dit: J’ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir, car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.
Il prit une coupe, rendit grâces et dit: Prenez cette coupe, et distribuez-la entre vous ; car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu.

Le Kiddouch. Il s’agit de la première coupe que Yéchoua’ prend et partage avec ses disciples. Il ne s’agit pas de celle qu’il utilisera pour la Cène. Il prononce la bénédiction et partage la coupe avec les disciples. Avec la troisième coupe, il s’agit des deux coupes les plus importantes du repas pour les Juifs.

Jean 13 : 3-5
Yéchoua’, qui savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu’il était venu de Dieu et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements et prit un linge dont il s’entoura. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin et se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.

La 1ère ablution des mains (il y en a trois en principe). C’est probablement à ce moment là que Yéchoua’ bouscule pour la première fois le protocole du Seder en lavant les pieds de ses disciples au lieu de se laver les mains.
Yéchoua’ par sa démarche a montré un exemple d’humilité et modifié l’échelle des valeurs dans l’esprit de ses disciples. Il n’y a plus de hiérarchie spirituelle abrupte. Tous sont serviteurs les uns des autres.
Viennent ensuite d’autres symboles et lectures relatives à la sortie d’Egypte. Le repas est aussi en partie servi sur une table mobile ou un plateau.

Jean 13 : 26.
Yéchoua’ lui répondit : C’est celui pour qui je tremperai le morceau et à qui je le donnerai. Il trempa le morceau et le donna à Judas, fils de Simon l’Iscariot.

Le pain trempé dans le plat. Durant le repas, Yéchoua’ prend un morceau de pain - une matzah, pain non levé - et le trempe à la fois dans les herbes amères et le ‘Haroset - une mixture très douce qui symbolise le ciment et les briques des esclaves hébreux en Egypte - et il donne ce morceau à Judas Iscariot. Celui-ci quittera ensuite la salle et ne participera pas à la suite du repas.
Tout ceci pourrait paraître presque anecdotique et une manière toute simple de désigner celui par lequel le trouble et les souffrances du Messie vont venir. Mais nous retrouvons dans la Méguilah de Ruth une description presque identique :
Ruth 2 :14
14  Au moment du repas, Booz lui dit : Approche, mange du pain et trempe ton morceau dans la vinaigrette. Elle s’assit à côté des moissonneurs. Il lui tendit du grain rôti ; elle mangea, se rassasia et garda le reste.

Un court verset qui aurait bien pu passer inaperçu, sinon que le livre de Ruth a indiscutablement pour le Midrash une portée messianique.
Ruth n’est pas seulement l’ascendante du roi David, elle est aussi celle du Messie qui vient.
Selon le Midrash, l’expression approche, et mange du pain… indique clairement qu’elle enfantera une lignée royale et plus tard celle du Messie-Roi.
L’usage ensuite du pain trempé dans le vinaigre annonce les souffrances du Messie. Le Midrash Ruth Rabbah, en expliquant Ruth 2.14, affirme même que le Roi-Messie a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; reprenant ainsi les mots du prophète Esaïe au sujet des souffrances du Messie (Esaïe 53 :5).

L’agneau Pascal est mangé : C’est au cours du repas que l’agneau, rôti au feu, est mangé. Il constitue l’aliment essentiel. C’est en principe la dernière nourriture solide mangée ce soir-là.
On reste avec ce souvenir de l’agneau aussi bien dans les esprits que dans l’estomac.
Depuis la destruction du Temple en 70 par les armées romaines, plus aucun sacrifice pascal n’a pu être offert. Les Juifs ont alors cherché une autre manière de rappeler le sacrifice de l’agneau. Le plateau du Seder, avec ses différents composants, a alors comporté un os d’épaule d’agneau marquant le souvenir du sacrifice de l’animal, mais tous ne sont pas unanimes sur le sens à donner à cet os.
De notre côté, nous retiendrons que l’os présent aujourd’hui sur le plateau du Seder peut difficilement rappeler autre chose que le sacrifice offert pour le rachat d’Israël.

La Matzah : La singularité de la fête de Pessa’h réside en grande partie en la consommation durant une semaine de pain exclusivement non levé, c'est-à-dire sans levain. A l’époque de Yéchoua’, comme aujourd’hui, le levain était un symbole de péché. L’absence de consommation de levain est donc une manière de se sanctifier autant que d’être sanctifier par Dieu lui-même. Car le pain n’est pas seulement une nourriture. Sans levain, le pain est un symbole de sainteté que l’on retrouve dans le Tabernacle[3], le Temple[4] et jusque – si j’ose dire – dans la bouche de Yéchoua’ quand il affirme être le pain de vie[5].
C’est pourquoi, le pain sacré mangé par les sacrificateurs dans le Temple parle aussi fort que le sacrifice dont le sang a été répandu sur les cornes de l’autel, et aussi fort que la matzah mangée par les israélites lors de la fête de Pessa’h.

Alors que l’on ne devrait plus rien manger après le repas afin de conserver le souvenir de l’agneau Pascal, Yéchoua’ accomplit une deuxième entorse au déroulement du Seder.

1 Corinthiens 11 :23-24.
Car moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis. Le Seigneur Yéchoua’, dans la nuit où il fut livré, prit du pain et, après avoir rendu grâces, le rompit et dit : Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
Yéchoua’ propose ici un mémorial où lui-même, par le don de sa vie en sacrifice pour le pardon des péchés, s’identifie à l’agneau immolé de Pessa’h et à la matzah consommée. C’est déjà ce qu’il évoquait avec ses disciples dans ce surprenant passage de Jean 6.56 et suivants :
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain descendu du ciel. Il n’est pas comme celui qu’ont mangé vos pères : ils sont morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Yéchoua’ prononce alors la bénédiction Motsi, mais l’épître aux Corinthiens n’indique pas les termes de cette prière. Tout simplement parce que celle-ci est bien connue des disciples. Elle fait partie de l’enseignement élémentaire de tous les Juifs. Quelle est-elle ?

Barouh atah adonaï éloheïnou Méleh haôlam Hamotsi léhem min haarêtz
Bénis sois-tu Seigneur notre Dieu, Roi de l’Univers, toi qui fait sortir le pain de la terre.

Cette prière – et beaucoup d’autres - a été formalisée à l’époque d’Esdras plusieurs siècles auparavant. Aujourd’hui encore, celle-ci est utilisée notamment lors du Chabbath.
Que signifie-t-elle ?... Est-ce simplement une grâce pour la providence de Dieu et la nourriture qu’il nous donne chaque jour ou faut-il voir dans cette formulation un signe prophétique et messianique ?...
Yéchoua’, à plusieurs reprises et ici encore dans les versets cités plus haut, se présente comme le pain, le pain de vie qui est offert. C’est son corps livré pour nous. C’est Lui l’agneau Pascal, notre Pâque, qui donne sa vie pour le pardon de nos péchés.

Dans la prière de bénédiction, il est dit que c’est Dieu qui « fait sortir » le pain de la terre. En quoi le pain peut-il réellement  « sortir » de la terre?... N’est-ce pas plutôt le blé qui en germant surgit du sol ?... Ne faut-il pas plutôt discerner dans cette formulation Yéchoua’ lui-même, le pain de vie qui sort de la terre,  allusion à sa résurrection opérée par Dieu et sa sortie du tombeau creusé dans le rocher et la terre ?...
Nous pourrions déjà nous arrêter là méditant longuement sur cette curieuse analogie. Mais il y a  plus étonnant encore.

Les Juifs, après la destruction du Temple en 70[6], vont ajouter à la liturgie du Seder un élément significatif qui doit se substituer à l’agneau Pascal dont le sacrifice n’est désormais plus possible.
Sur la table du repas, les Juifs disposent 3 matzot[7] superposées. Au début du Seder, ils retirent celle du milieu, la brise en deux parties dont l’une est ensuite « cachée » à la vue des convives pendant la durée du repas. Celui-ci achevé, ils reprennent la matzah cachée et la partage entre les convives.
C’est exactement ce que fit Yéchoua’ avec ses disciples plusieurs dizaines d’années avant l’institution rabbinique.
Cette matzah rompue au début du repas, puis cachée, puis découverte à nouveau après le repas pour être partagée, représente aujourd’hui l’agneau de Pessa’h. Les Juifs font exactement ce qu’a fait Yéchoua’ lors de son dernier repas avec ses amis. Est-il nécessaire d’ajouter que la matzah « cachée » peut aisément signifier l’enfouissement dans la terre du corps du Messie, avant sa résurrection 3 jours après ?

Cette matzah porte un nom, le seul terme dans le Seder qui soit en grec, Afikomen qui peut se traduire par « il est venu ». Or il n’existe pas d’explication rabbinique véritable au sens de ce mot ou même à la présence de ce seul mot grec dans une liturgie entièrement en hébreu.

Le geste de Yéchoua’ avec le pain est devenu en quelque sorte un signe prophétique pour les Juifs, tout au moins pour ceux qui l’ont reconnu comme Messie.

1 Corinthiens 11. 25-26.
De même, après avoir soupé (il prit) la coupe et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez.
Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

Yéchoua’ prend ensuite la troisième coupe (sur les 4 qui sont bues). Il prononce la bénédiction sur cette coupe et la partage entre les disciples en signifiant qu’il s’agit de son sang, le sang versé pour le rachat des péchés.
Là encore, Yéchoua’ identifie le vin partagé au sang qu’il versera lui-même le lendemain sur la croix pour le pardon des péchés.

Sans entrer maintenant dans les détails, les 4 coupes du Seder représentent 4 expressions de la rédemption exprimées dans un passage de l’Exode[8]. La troisième coupe est appelée « la coupe du rachat », c'est-à-dire pour le rachat des péchés. Il ne fait pas de doute que les disciples ont vite fait le lien entre les propos de Yéchoua’ et la signification de cette coupe.
Un autre détail qui a son importance. La tradition rapporte que le vin employé pour le Seder était coupé avec de l’eau, elle-même chauffée. Cela voulait dire que le vin de la coupe était chaud ou, pour le moins, tiède. Si cela est confirmé, l’identification avec le sang de l’agneau Pascal devait être encore plus marquante.

Comme pour le pain, Yéchoua’ prononce la bénédiction d’usage :

Barouh atah adonaï éloheïnou Méleh haôlam Boré’ Pri Hagafen
Bénis sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l’Univers, toi qui créé le fruit de la vigne.

Bien entendu, il ne s’agit pas simplement de remercier Dieu pour le vin, si bon soit-il, que nous buvons. Le thème de la vigne est repris par Yéchoua’ en Jean 15. Yéchoua’ est le Cep. Le Père est le Vigneron. Nous sommes les sarments qui portent du fruit.

Il est intéressant de noter que dans cette bénédiction, le verbe « créé » (Boré’) - est celui-là même qui se trouve employé en Genèse 1. Seul Dieu peut en être le sujet. La prière a donc ici pour objet de nous rappeler que les « fruits » que nous portons sont l’œuvre de Dieu seul. C’est du reste ce qu’évoque déjà le prophète Esaïe lorsqu’il dit :

Esaïe 26:12  Éternel, tu mets en nous la paix, Car tout ce que nous faisons C’est toi qui l’accomplis pour nous.

Il est possible également de comprendre que le « fruit » produit par Dieu dont il est question dans la bénédiction est l’œuvre de rachat que Dieu accomplit pour notre salut par le sacrifice pascal.
Il n’y a donc pas de place pour un quelconque mérite. Pour le pain comme pour la coupe, c’est le sacrifice qui est au centre. C’est Dieu qui fait sortir le pain de la terre, c’est Lui qui nous rachète en effaçant nos fautes et c’est encore lui qui rend nos œuvres parfaites devant Lui.

En cette fin du 1ier siècle, les Juifs ont bien compris l’importance du sacrifice pascal et ils se sont appliqués à trouver un moyen de perpétuer le souvenir de l’agneau, car sans son sacrifice, il n’y a pas de pardon.
Ils ne se doutaient probablement pas que les disciples du Messie Yéchoua’ accomplissaient déjà les mêmes gestes et pour les mêmes raisons – se souvenir de l’agneau.

La dernière étape du Seder est appelée aujourd’hui Nirtsa. Les Juifs espèrent par le bon accomplissement du Seder, qu’ils seront agréés par Dieu. Ils ont gardé les portes ouvertes et réservé une place pour le prophète Elie – celui-ci doit précéder la venue du Messie.
Pour les Juifs, d’aujourd’hui comme d’hier, Pessa’h annonce et prépare la venue du Messie. Combien plus pour ceux qui croient en Yéchoua’ et dont l’attente est celle du retour du Messie glorieux.

En cette saison de Pessah’, puissions-nous partager l’espérance du Messie et vivre cet avant-goût du ciel en famille et avec des amis.


[1] En fait, le soir du Seder des pharisiens semble décalé d’une journée par rapport à celui célébré par Yéchoua’ comme l’atteste le texte de l’Evangile de Jean (19 :31 et suivants) qui précise que le procès et la crucifixion se sont déroulés durant le jour de la « préparation » des Juifs, donc juste avant le soir du Seder.
[2] Il existe en réalité un débat assez ouvert sur la date de la Pâque célébrée par Yéchoua’ et par voie de conséquence sur le jour de la crucifixion. La tradition chrétienne a fixé au vendredi le jour de la mort de Yéchoua’, mais l’exégèse du texte et l’examen du contexte juif de l’époque conduisent beaucoup de commentateurs à exclure cette hypothèse au profit du jeudi, et même du mercredi.
[3] Exode 29, 34. Lévitiques 8, etc.
[4] Néhémie 10. ; Ezéchiel 44.
[5] Jean 6 :31-41.
[6] Lors d’un concile à Yavné à la fin du 1ier siècle.
[7] Matzot : pluriel de Matzah ; le pain sans levain.
[8] Exode 6. 6-7.