jeudi 21 janvier 2016

LA FAUSSE « CONCURRENCE » VICTIMAIRE. Et s’il y avait 10 000 actes anti-musulmans en France ?

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a dévoilé les chiffres des actes racistes en France en 2015. Il s’est inquiété notamment du « triplement » des actes anti-musulmans dans le pays, qui ont atteint le chiffre de 400 (recensés par la police). Bien entendu, le ministre a souligné l’importance de cette évolution consternante en ce qui concerne le racisme à l’encontre des musulmans de France.
Par ailleurs, il notait le niveau encore très élevé de l’antisémitisme en dépit d’une baisse de 5 % des actes recensés. Le niveau reste à 806 actes dénombrés.
Relatif aux actes contre les chrétiens, il est aussi en forte hausse (+ 20 %) avec 810 actes comptabilisés.


L’accent a donc été mis sur cette hausse « spectaculaire » des actes racistes contre la communauté musulmane. Monsieur Cazeneuve l’explique notamment par les conséquences des actions terroristes de janvier et novembre 2015, faites au nom de l’islam.
Quoique l’ensemble de cette délinquance raciste soit désolante et démontre l’échec patent, du moins en partie, de notre politique et de la promotion des valeurs républicaines, il convient de remettre les chiffres dans une juste perspective.
En effet, si l’on rapporte les actes délictueux relevés à la population musulmane, juive ou chrétienne, on devrait s’alarmer d’une autre façon. Non que cela excuse ou efface les faits, mais cela donne une idée plus exacte du sentiment d’insécurité réel et ressenti de telle ou telle communauté.
Si l’on considère la population musulmane de France, estimée à environ 6 millions (certains l’estiment plus proche des 10-12 millions), les chiffres du ministre donnent une proportionnalité de 1 acte pour 15 000 individus. Pour la communauté juive, estimée à environ 500 000 personnes, cette même proportionnalité est de 1 acte antisémite pour 620 individus. On peut donc ainsi affirmer qu’un Juif a au moins 24 fois plus de « chance » d’être victime du racisme qu’un musulman. En matière de ressenti d’insécurité, il faudrait plus de 10 000 actes anti-musulmans par an pour qu’un musulman « perçoive » en quelque sorte les mêmes « craintes » qu’un Juif. On en est très loin. Qu’en conclure au-delà des chiffres ?
On peut s’inquiéter bien sûr d’une manière générale de la croissance de ce racisme d’où qu’il vienne, mais l’urgence des mesures prises ne respecte en aucune façon la réalité proportionnelle des actes pour les différentes communautés visées.
En outre, j’ajoute qu’il serait forcément embarrassant, voire contre-productif, pour le ministre de reconnaître que l’essentiel des actes racistes, notamment contre les Juifs, provient de la communauté arabo-musulmane. D’autant plus que par ailleurs, la démarche générale des médias, des représentants musulmans, comme des politiques, est avant tout de présenter la communauté musulmane en victime principale de ce racisme. Tout est fait alors pour « concurrencer » le statut victimaire de la communauté juive, de loin la première visée par le racisme. Les chiffres ainsi rendus, sans perspective, tendent à accentuer ce statut de « victime » de la communauté musulmane en comparaison de groupes religieux « concurrents ».

Sans aucun doute, notre pays est malade de sa haine des autres et s’il est assez facile de reconnaître que les actes à l’encontre des musulmans sont en partie la conséquence directe des actions terroristes revendiquées au nom de l’islam, l’antisémitisme a lui de multiples sources bien plus enracinées. Il est infiltré dans toutes les couches de la société et se propage de façon sournoise depuis des années par les médias et les discours politiques ambigus, ou non ambigus. Personne n’ose affirmer trop fort que dans l’islam, la haine des Juifs est la règle et non l’exception. Des propos qui, aujourd’hui en France, seront qualifiés d’islamophobes et condamnés comme tels. Il n’est donc dès lors pas étonnant que cela se traduise par des actes violents, tels que ceux recensés par les autorités de police.
Le rapport du ministre, au-delà de l’énoncé brut des chiffres, tente maladroitement de créer un « équilibre », ou plutôt un « déséquilibre » en faveur des musulmans afin d’éluder le problème. Les mesures à prendre par les autorités ne pourront être adéquates que si celles-ci acceptent le « diagnostic » évident qui crève les yeux de beaucoup de nos concitoyens.

Mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir…

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