jeudi 4 avril 2013

"Bonne nouvelle", la nouvelle était fausse... mais…

Il n'a pas fallu longtemps pour recevoir finalement un démenti d'une nouvelle qui n'avait pas été rapportée en France (ou presque). Heureusement?... J'en parlais brièvement il y a seulement quelques heures dans mon dernier "post". Ce cinéaste israélien tabassé à Aubagne ne l'a finalement pas été, même s'il y a eu un "incident", mais qui n'a pas eu la gravité extrême que l'on craignait. Un propos rapporté exagérément?... Des nuances qui n'en étaient pas?... Les médias israéliens qui s'étaient emparés de l'affaire se sont malheureusement piégés eux-mêmes à leur propre idée qu'ils se font d'une France enflammée d'un antisémitisme métastasé jusqu'aux communes les plus calmes de la France profonde.

Pensez-donc, pour la plupart des gens, Aubagne rime davantage avec Pagnol qu'avec "quartier nord" de Marseille ou « cité du 93 ». A force de crier au loup, on finit par le voir de partout or il convient de rester prudent pour ne pas alarmer inutilement ou endormir nos lecteurs dans une vigilance qui fléchirait. Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) a fait part de ses excuses et je m’associe à lui pour exprimer mon regret que de telles informations aient pu passer sans véritable contrôle. Le cinéaste en question devra sans doute s’en expliquer et être plus prudent en témoignant à l’avenir (voir le lien vers le site du CRIF : http://www.crif.org/fr/leditorialdupresident/lagression-daubagne-une-fausse-nouvelle/36078). Les grands journaux israéliens se doivent aussi de prendre la mesure des nouvelles qu’ils rapportent s’ils veulent rester crédibles. La bonne nouvelle cependant, outre la bonne santé du cinéaste israélien, est la réaction de « mea culpa » des médias et du CRIF qui se sont fait l’écho de ce fait divers qui, malheureusement, aurait pu être tout à fait vrai. On ne peut pas en dire autant de certains médias français mouillés dans des affaires autrement plus graves (on en reparlera peut-être une autre fois). Avouer sa faute, par les temps qui courent, à l’instar d’un ministre, ce n’est pas vraiment payant, même si cela soulage la conscience. Une conscience que nos politiques semblent avoir anesthésiée pour ne faire transpirer que davantage d’hypocrisie.

Il n'empêche que le cancer de l'antisémitisme a bel et bien pris un chemin et une ampleur dont les précédents peuvent en effet faire craindre le pire. Je suis régulièrement sollicité par des amis qui à l’étranger reçoivent l’écho de faits gravissimes relatifs à l’antisémitisme en France. La plupart du temps, les informations qu’ils ont reçues sont exactes mais juxtaposées de telle sorte que les faits rapportés sur une période de 2 ou 3 ans se trouvent « concentrés » sur un temps donné de quelques semaines seulement. Si bien que le sentiment du lecteur est qu’il y a une explosion soudaine de la situation en France. Un sentiment qui de fait n’est pas une réalité. Le métier de journaliste est, on l’a bien compris, difficile et chargé de responsabilité. On n’est jamais complètement neutre et les effets que l’on produit constituent un « pouvoir » phénoménal. Cet énième épisode dans la guerre des communications et la lutte contre l’antisémitisme doit nous amener à une vigilance accrue et une prudence afin que l’alerte soit entendue et comprise le moment venu.

mercredi 3 avril 2013

Bonjour monsieur Katzman !


Peut-être connaissez-vous l’histoire juive de ce monsieur Katzman qui au sortir de la guerre, craignant l’antisémitisme de ses concitoyens, demande aux autorités de pouvoir changer son nom pour le rendre moins « reconnaissable » comme patronyme juif ? S’adressant alors à l’officier d’état civil, il suggère de franciser son nom en le traduisant. C’est ainsi que monsieur « Katz » - « man » devint monsieur « chat » - « l’homme » : Chalom !

Un résultat aussi éloquent qu’amusant qui témoigne de l’effort, parfois vain, à vouloir « s’effacer » dans une société qui cache mal son malaise vis-à-vis des Juifs. Et pourtant, près de 70 ans après la fin de la guerre, le ministère de la justice français vient de revenir sur ses positions et autorise à nouveau les Juifs de France à reprendre leur patronyme d’origine. Faut-il comprendre par-là que les temps sont devenus plus cléments pour les Juifs ?... Nullement. A moins que les Juifs de France ne voient plus la nécessité de se « cacher » et préfèrent courageusement – à moins que ce soit de la résignation – afficher clairement leurs origines au travers de leur nom.

Il y aurait cependant de quoi s’inquiéter. Il y a quelques jours seulement, un cinéaste israélien – Yaniv Horowitz – a été tabassé par de jeunes arabes au sortir de la projection de son film lors d’un festival cinématographique à Aubagne. Les journalistes français devaient sans doute se trouver ailleurs car on n’en a pas fait mention dans les journaux. C’est sûr qu’avec son patronyme, il ne pouvait pas passer inaperçu. Et je doute fort qu’il ait fait par ailleurs une publicité tapageuse de sa qualité de citoyen israélien.

De toutes les manières, le tabassage de Juifs ne doit plus faire la une de journaux dans notre pays et… il faut arrêter de rabâcher les gens avec l’antisémitisme quotidien des banlieues abandonnées aux hordes d’islamistes radicaux. N’est-ce pas notre ministre de l’Intérieur qui déclarait il n’y a pas si longtemps que les « Mérah » en puissance se comptaient par dizaines dans les banlieues françaises, prêts à passer à des actes autrement plus définitifs ?...

Curieuse histoire aussi que celle de cette jeune femme égyptienne à qui l’on avait caché ses origines juives. Eduquée dans la haine des Juifs depuis son plus jeune âge, elle découvre soudainement sa judéité et se voit contrainte de quitter le pays dans la précipitation, menacée de mort par des salafistes. Actuellement en service dans l’armée israélienne, elle raconte ce qui a été sa situation « d’avant » et « d’après » sa sortie d’Egypte. Récit émouvant alors que nous terminons les célébrations de Pessa’h et « notre » propre sortie d’Egypte. La haine des Juifs est un esclavage qui tient prisonnier des millions d’individus en Egypte, comme ailleurs dans le monde. Cet esclavage conduit cependant à la mort et beaucoup ne le savent pas. En réalité, il n’est qu’un effet collatéral du péché qui touche toute l’humanité. Si Pessa’h nous a conduit à réfléchir sur nous-mêmes, notre identité, notre histoire et notre place en ce monde. Pessa’h est aussi une invitation à considérer notre présent, notre comportement, nos paroles et nos actions. Pessa’h enfin nous fait considérer le monde à venir comme meilleur, dans l’attente que le Machia’h revienne et établisse son royaume. Mais tout commence à Pessa’h quand l’agneau est immolé et son sang protecteur répandu pour notre Salut. Sans l’agneau de Pessa’h, il n’y a pas de suite à l’histoire… Et s’il n’y avait que l’agneau de Pessa’h pour notre salut, nous dirions encore « Dayénou » - cela nous aurait suffi ! [expression que l’on retrouve dans la liturgie de Pessa’h]

Bien plus tard, Yohanan (Jean le baptiseur) déclarera en parlant de Yéchoua’ le nazaréen : « Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ! » (Jean 1.29)

Nous faut-il ajouter quelque chose ?... Dayénou !

Finalement ! Monsieur Katzman a bien eu raison de judaïser son nom : Puissions-nous être tous des porteurs de paix au patronyme « Chalom » !

Chalom en Yéchoua’ !

G.A.

vendredi 29 mars 2013

Le scandale de la croix… jusqu’en Arabie !

Certes, en ce vendredi saint de la Pâque chrétienne, il est de bon ton de parler de la croix, celle qui fit scandale lors de la crucifixion de Yéchoua’. Je n’entrerai pas dans la polémique du jour effectif où Yéchoua’ a été crucifié, sans doute pas le vendredi. Mais bon ! Les traditions ont la vie dure et finalement, le plus important pour les Chrétiens est encore l’évènement en tant que tel, même s’il est rare hélas d’entendre aujourd’hui l’explication du lien formel entre la Pâque juive – Pessa’h – et la Pâque Chrétienne, l’enracinement de la seconde dans la première, sans lequel le « tout est accompli » prononcé sur la croix n’a que peu de sens. Cette lacune peut pour certains être déjà en soit un « scandale » à dénoncer, mais là n’est pas mon propos dans cet article.

Si la croix fit scandale bien entendu en son temps, comme encore maintenant, ce n’est pas uniquement en raison de la cruauté du « procédé ». La crucifixion était hélas monnaie courante à cette époque. C’est bien parce que l’on a cloué en croix un homme innocent. Bien plus, le Messie d’Israël, le Fils de Dieu, le roi d’Israël.
Quand on y songe, les circonstances entourant la mort de Yéchoua’ sont déjà exceptionnelles (les ténèbres à midi, le tremblement de terre, des morts qui reviennent à la vie…), des circonstances qui ont certainement alimenté la « page » des faits divers plus longtemps que d’ordinaire à Jérusalem. Mais c’est assurément la résurrection de Yéchoua’ qui a changé la perspective de l’évènement et donné aux disciples matière à perpétuer le souvenir de cette mort, associée ensuite à la résurrection.

C’est que justement, la mort sur la croix était un programme annoncé et prévu depuis longtemps. Le « Tout est accompli » raisonne comme la déclaration formelle et inattendue du condamné que la rédemption de l’humanité passait par les souffrances et la mort d’un innocent, Dieu proclamant trois jours après, par la résurrection, accepter le prix payé pour notre Salut.
Dirigeants juifs et romains (non-Juifs) croyaient être au « contrôle » de l’évènement et voilà que c’est Yéchoua’ qui en a la maîtrise du début à la fin. Car c’est lui qui donne sa vie. Personne ne la lui prend. Cela n’enlève en rien leur culpabilité, mais démontre la souveraineté divine au-delà des apparences.

De nos jours, on pourrait imaginer que la crucifixion fasse partie des supplices appartenant à un passé révolu. Il n’en est rien. En Arabie Saoudite, pays où il n’est pas possible d’afficher, même en toute petite taille ou sur votre Bible parmi vos effets personnels, un signe de croix rappelant la mort de l’innocent, du Messie sauveur, à plusieurs reprises ces dernières semaines, des jeunes gens ont été condamnés à la mort par crucifixion. Même si finalement le châtiment a été commué en exécution par un peloton de soldats (Et oui ! Même les bourreaux se font rares en Arabie.), il demeure fort étonnant que la croix, honni comme signe religieux, soit à l’ordre du jour pour appliquer la peine capitale.
Le dernier homme à avoir été ainsi condamné de la sorte est un dignitaire chiite. Le motif de sa condamnation : activité subversive (contre le pouvoir et donc le roi) et « fomenter une guerre contre Dieu ».

Il en est un autre, Yéchoua’, pour lequel le motif de la condamnation a été presque aussi semblable. Tout était écrit sur un panneau, lui-même cloué sur la croix. La même mention en Hébreu, en Latin et en Grec, histoire que le passant sache pourquoi on infligeait un tel supplice à l’homme ainsi condamné. « Yéchoua’ Hanotsri OuMélè’h Ha’Yéoudim ». Ce qui signifie : « Yéchoua’ de Nazareth, Roi des Juifs ».
En Hébreu cependant, la première lettre des 4 mots sont dans l’ordre : Yod, Hé, Vav, Hé. Ce qui désigne le Tétragramme, le nom même de Dieu, l’Eternel. Pilate en faisant inscrire ces mots ne s’imaginait pas qu’il était en train de mettre en croix Yéchoua’ (nom qui signifie sauveur), le Roi des Juifs, l’Eternel Dieu. Un vrai scandale !

Et comme Yéchoua’, cloué sur la croix, priait son père : Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! – et il ne fait aucun doute qu’il a été entendu – je prie que ces saoudiens – et ceux qui leur ressemblent – comprennent le sens de la croix qui fait scandale !
G.A.

mercredi 13 mars 2013

Le Michal du semeur... (1)

A y regarder de près, les Evangiles sont souvent le récit d’histoires pour le moins étonnantes qui n’ont d’autre but que de communiquer et rendre concret un enseignement pour la vie quotidienne des auditeurs et spectateurs du Messie qui de village en village guérit des malades, multiplie des pains, change de l’eau en vin, délivre des démoniaques et accueille des laissés pour compte.

Yéchoua’ est à la fois un faiseur de miracles, mais aussi un formidable conteur d’histoires que dans la tradition juive nous appelons des midrashim (pluriel de midrash). Il ne fait en réalité que suivre les méthodes des rabbanim qui, pour enraciner leurs paroles dans les cœurs de leurs talmidim (disciples), illustraient par de petites histoires tel ou tel aspect pratique de leurs enseignements.

Parmi ces dernières, il en est une à laquelle nous nous attarderons plus particulièrement. Il s’agit de la parabole (michal en hébreu) du semeur que l’on retrouve notamment dans l’Evangile de Matthieu (13):

4  Le semeur sortit pour semer. Comme il semait, quelques (grains) tombèrent le long du chemin ; les oiseaux vinrent et les mangèrent.
5  D’autres tombèrent dans les endroits pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre : ils levèrent aussitôt, parce qu’ils ne trouvèrent pas une terre profonde ;
6  mais, quand le soleil se leva, ils furent brûlés et séchèrent faute de racines.
7  D’autres tombèrent parmi les épines : les épines montèrent et les étouffèrent.
8  D’autres tombèrent dans la bonne terre : ils donnèrent du fruit, un (grain) cent, un autre soixante, un autre trente.
9  Que celui qui a des oreilles entende.

Voilà une brève histoire dont il nous faut remonter le fil pour en comprendre tout le sens. Yéchoua’ a dans le chapitre précédent été confronté à une vive opposition des pharisiens qui sont allés jusqu’à l’accuser de faire l’œuvre du diable (12.24) et le prendre pour Belzébul. Le royaume de Dieu est à ce stade présenté par Yéchoua’ comme l’instauration du royaume messianique (Matthieu 5) dont il en est lui-même le roi-messie.

L’avènement du royaume de Dieu, ou des cieux, est en réalité la constitution d’un peuple sur la base d’hommes et de femmes qui suivent le Messie. Si les disciples de Yéchoua’ espéraient plus ou moins secrètement voir l’établissement ou la restauration du royaume de David (il faut se souvenir qu’ils sont sous occupation romaine), à ce stade, il n’en est rien. Le message de l’Evangile s’adresse d’abord au cœur de l’homme qui a besoin d’être purifié (Luc 11.38 à 42) et sanctifié.

Yéchoua’ ne laisse cependant pas ses disciples sans réponse au sujet de la restauration du royaume d’Israël encore à venir et, après la résurrection, il répondra si l’on peut dire à leur question : Actes 1.6.

6 Eux donc, réunis, demandèrent : Seigneur, est–ce en ce temps que tu rétabliras le royaume pour Israël ?
7  Il leur répondit : Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.
8  Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint–Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre.

Chaque chose donc en son temps. Le verset 8 laisse entendre d’ailleurs que la priorité des disciples va à l’annonce du royaume et à l’invitation de tout homme à se repentir pour suivre le Messie Yéchoua’ afin d’échapper au jugement à venir.

Dans cette première série d’histoires, Yéchoua’ jette les bases qui permettent d’accéder au royaume. Au-delà de la simplicité apparente de l’image agricole, l’objectif final est bien entendu la mise en pratique des conclusions du message. Que celui qui a des oreilles entende n’est autre qu’une pressante invitation à ne pas en rester là, mais à chercher à comprendre comment devenir un disciple du Messie, un citoyen de ce royaume.

L’interprétation du michal est d’autant plus facilitée que Yéchoua’ donne lui-même les clés de lecture de son midrash.

18  Vous donc, écoutez (ce que signifie) la parabole du semeur.
19  Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le Malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
20  Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie,
21  mais il n’a pas de racine en lui–même, il est l’homme d’un moment et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute.
22  Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole mais en qui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la parole et la rendent infructueuse.
23  Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit et un (grain) en donne cent, un autre soixante et un autre trente.

Yéchoua’ s’adresse ici en aparté à ses disciples et leur livre le sens de ses paroles. La semence n’est autre que la Parole du royaume du Messie qui est partagée avec les hommes. Or il semble que tous ne la reçoivent pas de la même manière et seuls quelques-uns finissent par accepter le message pour porter du fruit, les uns peu, les autres beaucoup. L’essentiel étant de porter du fruit. Mais de même que dans un champ bien des obstacles peuvent empêcher les graines d’arriver à germer et fructifier, il en va également de la parole semée. Il y a d’abord le Malin, c’est-à-dire le diable qui vient enlever ce qui a été semé dans le cœur de celui qui ne la comprend pas (v19.). Luc, dans son propre récit (Luc 8.5 et 12), nuance ses phrases avec des mots un peu différents qui permettent de comprendre que ces premiers auditeurs de la Parole n’accueillent pas cette dernière comme il conviendrait. Ils la foule aux pieds, rejetant son contenu. C’est ainsi que le diable enlève de leur cœur ce qui a été semé.

Les seconds accueillent la Parole avec joie, mais ils sont trop versatiles et abandonnent la partie dès que survient la première épreuve. La foi ne passe pas le cap de la persévérance et la bonne volonté s’éteint sans avoir franchi le premier pas vers la sanctification.

Les troisièmes sont des graines que la lumière ne parvient pas à atteindre, étouffées qu’elles sont par les soucis de ce monde et l’attrait des richesses. Sans contact avec la lumière, ces dernières ne portent aucun fruit.

Seules les dernières graines, quelques-unes seulement, atteignent toutes les conditions pour enfin porter du fruit. La Parole s’enracine dans les cœurs et y trouve bon accueil et l’espace nécessaire pour fructifier et faire la joie du semeur. Seule compte en définitive la semence qui germe pour porter du fruit.

Que faut-il comprendre de ce michal au-delà des mots et des évidences du texte et de ces explications ?... C’est que le contexte de la parole de Yéchoua’ est assez surprenant et peut éventuellement être mal compris. Entre la parole et son explication, le récit de Matthieu évoque un questionnement des talmidim et une réponse plutôt énigmatique du maître.

10  Les disciples s’approchèrent et lui dirent : Pourquoi leur parles–tu en paraboles ?
11  Yéchoua’ leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et qu’à eux cela n’a pas été donné.
12  Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.
13  C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient pas, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent.
14  Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Ésaïe : Vous entendrez bien, et vous ne comprendrez point. Vous regarderez bien, et vous ne verrez point.
15  Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils se sont bouché les oreilles, et ils ont fermé les yeux, De peur de voir de leurs yeux, d’entendre de leurs oreilles, De comprendre de leurs cœurs, Et de se convertir en sorte que je les guérisse.
16  Mais heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent.
17  En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous regardez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

A première vue, Yéchoua’ semble indiquer que parmi son auditoire, il y en a à qui des mystères sont réservés – ses disciples - tandis que pour la plupart, cette parole reste obscure. Ce n’est pas qu’il y ait ici des « privilégiés » et d’autres qui soient délibérément laissés incrédules. Partout dans l’Evangile, le salut est accessible à tous, même à ceux qui sont intellectuellement moins dotés (Matt. 18.3 ; 19.14…). Yéchoua’ cite alors une prophétie d’Esaïe qui annonce l’endurcissement d’une partie de son peuple et le rejet du message messianique de Yéchoua’. Il faut donc sans doute comprendre que le public entourant Yéchoua’, près de la mer de Galilée, est en fait plutôt réfractaire à l’enseignement du Rabbi Yéchoua’. La parabole qu’il vient de prononcer n’est sans doute pas inintelligible pour ces hommes et ces femmes venus écouter le discoureur faiseur de miracles. Ce qui pose problème, c’est de faire bon accueil au message qu’ils ont entendu, bien plus qu’aux miracles dont ils ont été témoins. C’est ainsi que la parole du Messie Yéchoua’ devient une occasion pour beaucoup de s’endurcir davantage et ainsi d’accomplir la parole du prophète.

Les versets 16 et 17 contrastent avec ce qui précède et montrent que les disciples qui ont bien accueilli leur maître, comme le Messie qui devait venir, sont les bénéficiaires des mystères demeurés cachés aux générations précédentes de prophètes et de tsadikim, de justes. En parlant ainsi, Yéchoua’ n’élève pas ses disciples au-dessus de tous, mais témoigne au contraire d’une grâce imméritée que même ceux qui les avaient précédés n’avaient pu voir.

La semence tombée dans quatre différents terrains suggère hélas que tous ne sont pas sauvés et qu’il en demeure un grand nombre qui restent incrédules. On peut d’ailleurs établir une comparaison avec un autre midrash que l’on raconte à l’époque de Souccoth.

Il existe un commandement particulier qui consiste à lier quatre fruits ensemble en une gerbe surnommée le Loulav, du nom de l'espèce la plus grande, le palmier. Celle-ci doit être agitée devant la Soucca vers les quatre points cardinaux et également vers le haut et le bas. Ces quatre fruits sont : le loulav -le palmier ; le arava - le saule de rivière ; l’étrog – le cédrat ; le hadas – le myrte.

Dans la tradition juive, ces quatre espèces représentent en quelque sorte les différents « modèles » ou « types » de Juifs, du pieux au moins pieux, ou encore différentes attitudes vis-à-vis de la Torah. Cependant, de la même façon que ces fruits sont présentés ensembles, ces quatre attitudes  demeurent pour les rabbanim indissociables aux yeux de Dieu, comme si dans la communauté juive, il s’y trouvait (et cela est certainement vrai) des Juifs dont la piété peut être qualifiée « d’exemplaire » à « honteuse ».

Si dans le michal du semeur, les fruits du royaume sont les individus qui ont accueillis avec foi le message de salut de Dieu, dans le midrash de Souccoth, un même individu peut à certains moments recevoir positivement la Parole et la mettre en pratique et à d’autres y être plus réservé et même la rejeter. Si l’un s’inscrit dans la perspective du salut, l’autre illustre plutôt le processus de sanctification du croyant. Qui peut dire qu’il a toujours reçu la Parole avec joie et enthousiasme ?... Mais il est certain que quel que puisse être le lieu où nous nous trouvons sur le chemin qui mène à Dieu, nous ne pouvons pas rester indifférent à la Parole de Dieu, au message de la Torah, aux paroles de salut de Yéchoua’.

Finalement, le midrash de Souccoth nous permet de considérer le type de fruit que nous sommes. Ces quatre fruits ont donc des caractéristiques propres à signifier quelque chose de spirituel et forcent le croyant et l’incroyant à considérer ses voies :

  • Le myrte (hadas) sent bon mais n'est pas comestible. Il est d’une certaine manière la personne qui "oublie ce qu'elle a appris". Comme nous le résume admirablement l’évangéliste Marc (4.16 et 17) : Et pareillement, les grains qui sont semés dans les endroits rocailleux, ce sont ceux qui, quand ils ont entendu la parole, la reçoivent aussitôt avec joie et ils n’ont pas de racine en eux–mêmes, mais ne sont que pour un temps ; puis, quand la tribulation ou la persécution survient à cause de la parole, ils sont aussitôt scandalisés.
L’odeur a ceci d’être éphémère et de se dissiper au premier souffle de vent. Celui qui reçoit la Parole et ne la garde pas ne saurait plaire au Seigneur. Il ne laisse aucune trace. Il est comme un fruit impropre à être consommé. Nombreux sont ceux à nourrir beaucoup d’émotions, à s’enthousiasmer et à rechercher l’immédiateté de la foi et ses effets bénéfiques dans l’assemblée des croyants. Ils sont cependant les croyants d’un jour et dès que survient l’épreuve du quotidien, ils oublient ce en quoi ils ont cru. Les soucis, la crainte de devoir changer et corriger leur vie les effrayent et ils lâchent prise.
  • Le palmier (loulav) est comestible mais n'a pas d'odeur. Il s’agit en quelque sorte de celui qui possède la connaissance de la Torah mais sans produire la moindre œuvre. Est-il possible de cumuler une connaissance académique de la Parole sans que cela ne produise d’effet dans la vie d’un individu ?... Sans aucun doute hélas. La connaissance enorgueillit, mais l’amour édifie (1 Corinthiens 8:1). Il en est hélas beaucoup qui sont attirés par les hommes ayant de grandes connaissances de la Torah, des traditions ou de l’hébreu. Mais la connaissance ne suffit pas pour connaitre le salut de Dieu. C’est un changement de vie, une repentance véritable et un retour à Dieu qui amènent l’offrande de nos vies à être un sacrifice de bonne odeur au Seigneur, un fruit agréable à Dieu. La connaissance est importante, mais sans effet concret dans la vie de tous les jours, elle est fade et sans odeur.
 
  • Le saule de rivière (arava), quant à lui, n'a ni goût, ni odeur. D’une certaine manière et dans le contexte juif, il s’agit de celui qui est sans Torah et sans œuvres mais qui néanmoins fait partie du peuple juif. Nous en sommes solidaires et nous devons de l’intégrer au sein de la communauté afin de susciter en lui une prise de conscience et le ramener à la foi. La tradition juive a le souci de celui qui s’est éloigné de Dieu ou même qui n’a guère de préoccupations spirituelles. Le contact avec les croyants doit ramener le pécheur à un autre état d’esprit et à faire sa propre téchouva, son retour à Dieu. Que ce soit par les mots ou par des actes, même la situation de celui qui est sans saveur et sans odeur peut changer radicalement. Qui, sinon Dieu, peut faire ce miracle ?... Car il s’agit bien d’un miracle. Ce que le prophète Jérémie évoque dans des termes sans équivoque : Mais voici l’alliance Que je conclurai avec la maison d’Israël, Après ces jours–là, –– Oracle de l’Éternel : Je mettrai ma loi au–dedans d’eux, Je l’écrirai sur leur cœur ; Je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. Celui–ci n’enseignera plus son prochain, Ni celui–là son frère, en disant : Connaissez l’Éternel ! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, –– Oracle de l’Éternel ; Car je pardonnerai leur faute Et je ne me souviendrai plus de leur péché (Jérémie 31.33 et 34). Dieu est puissant pour agir au-delà de nos contingences et de nos limites humaines. Faisons lui confiance. Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un le ramène, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. Proverbes 10:12 , Jacques 5:19-20.
 
  • Le cédrat (étrog) est délicieux et sent bon. Nous avons gardé, si j’ose dire, le meilleur pour la fin.  Dans la tradition, ce fruit délicieux à tout point de vue, c'est le type même du Juif érudit dans la Torah qui met en pratique ce qu'il étudie. Il est en quelque sorte celui dont la semence tombe dans la terre qui porte du fruit, comme le rapporte Marc (4.20) : Et les grains qui sont semés dans la bonne terre, ce sont ceux qui entendent la parole, et la reçoivent, et portent du fruit, l’un trente, et l’un soixante, et l’un cent. Ceci étant, c’est moins l’érudition que la mise en pratique de ce qu’il reçoit en étudiant la Parole qui fait la qualité de ce croyant. Mais il est un fait que nous devons, en toute occasion, chercher à approfondir notre connaissance de Dieu au travers de sa Parole et mettre en pratique ce qu’elle nous demande.
Le michal du semeur ou le midrash de Souccoth sont pour le croyant, comme le non croyant, un vibrant appel à considérer le message de Dieu, la parole de Yéchoua’, avec la plus grande attention. Elle est puissante pour sauver celui qui est loin comme celui qui est proche et faire en sorte que nous portions du fruit.
 
Guy ATHIA

Publication du Berger d'Israël : Décembre 2012.


[1] Michal signifie en hébreu parabole.

jeudi 28 février 2013

A l’heure de Pourim !

« Lorsqu’on eut rapporté à Mardochée les paroles d’Esther, il lui fit répondre : – Ne t’imagine pas qu’étant dans le palais impérial, tu seras épargnée à la différence de tous les autres Juifs !

Bien au contraire ! Car si tu persistes à garder le silence dans les circonstances présentes, le salut et la délivrance viendront d’ailleurs pour les Juifs, alors que toi et ta famille, vous périrez. D’ailleurs, qui sait si ce n’est pas en vue de telles circonstances que tu es devenue impératrice ? » (Meguilah d’Esther 4. 12, 13, 14).

Le récit épique de la reine Esther, de Mardochée et d’Haman l’aggagite est bien connu des Juifs, sans doute un peu moins des Chrétiens qui y voient, pour la plupart, surtout un texte au caractère nationaliste bien affirmé. Qu’importe…

Si aujourd’hui, il s’agit d’une fête essentiellement festive où les enfants tiennent une grande place, se réjouissant de la victoire inespérée d’un peuple voué à l’extermination, sauvé par la main invisible d’un Dieu d’Israël qui, sans être nommé, est parfaitement présent, l’examen du texte au regard de l’histoire et de l’actualité font craindre le pire et une répétition des ambitions passées de celui qui en coulisse cherche, en éliminant les Juifs, à retarder sa propre déchéance.

Un récent livre choc sur le livre d’Esther rappelait comme un avertissement l’énigmatique exclamation d’un dirigeant nazi devant la potence : « Pourim 1946 ».

Ceci dit, notre texte parle de lui-même, le salut n’est pas dans la révolte, la vengeance, la résignation, ou encore dans le silence, mais bien plus dans le courage de prendre position pour le Seigneur et pour son peuple. Ce n’est pas facile, et le témoignage est parfois au prix de sa vie.

Mardochée, pour sa part, est convaincu que Dieu accordera le salut à son peuple.

Il souhaite seulement que la reine Esther y participe pleinement pour le salut des Juifs, et pour le sien.

Que le Chrétien donc – mais on peut en dire autant du Juif - ne s’imagine pas non plus que son silence lui épargnera la souffrance ou lui assurera la tranquillité.


Paul à Timothée est clair à ce sujet :

2 Timothée 3:12  En fait, tous ceux qui sont décidés à vivre dans l’attachement à Dieu par leur union avec Yéchoua’ le Messie connaîtront la persécution.

Et Yéchoua’ de nourrir notre foi par ce paradoxe : Matthieu 5.11

11  Heureux serez–vous quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront, lorsqu’ils répandront toutes sortes de calomnies sur votre compte à cause de moi.

12  Oui, réjouissez–vous alors et soyez heureux, car une magnifique récompense vous attend dans les cieux. Car vous serez ainsi comme les prophètes d’autrefois : eux aussi ont été persécutés avant vous de la même manière.

Peut-on réellement se réjouir en pareille circonstance ?... Ou est-ce une joie en quelque sorte par anticipation... Dans une foi semblable à celle de Mardochée et d’Esther ?...

Il peut sembler « facile » de louer le Seigneur quand tout va bien, mais la vraie marque de celui qui craint Dieu, c’est sa louange, au milieu des épreuves, c’est sa capacité à dépasser l’horizon de ses propres difficultés pour contempler le salut final de Dieu qui ne manquera pas de nourrir à l’avance sa joie et sa reconnaissance.

Prenons donc exemple sur Mardochée et Esther qui ont su dépasser les craintes de l’instant pour leur propre vie et voir le salut de Dieu pour eux et leur peuple.

Réjouissons-nous donc de ce Pourim et de la délivrance de notre Dieu !

G.A.

jeudi 21 février 2013

Des Juifs messianiques « trop » ou pas « assez » juifs…

La question est rarement posée en ces termes, mais elle est sous-jacente à bien des remarques qui nous sont faites, à nous Juifs messianiques, de la part de Chrétiens ou même parfois de Juifs, quoique pour des raisons différentes.

Sur le fond, la résurgence, en fait la latence de la question identitaire ressort fréquemment dans le débat qui oppose Juifs et Chrétiens autour de la personne du Messie Yéchoua’ et de l’identité de ses disciples. La tradition chrétienne, mais aussi, en miroir de celle-ci, le judaïsme, ont depuis longtemps formaté les esprits pour dresser un « mur » infranchissable entre le monde juif et l’univers de la chrétienté. Pour beaucoup, ces deux « sphères » sont aussi inconciliables que l’huile n’est soluble dans de l’eau. En réalité, le « pont » existe bien, mais le plus souvent, l’emprunter implique de ne rien pouvoir emporter et même de tout abandonner. Le Juif qui embrasse la foi chrétienne n’est plus juif et doit en conséquence quitter tout ce qui a trait à son « ancienne » identité.

Pour un christianisme qui plonge pourtant ses racines dans le judaïsme et qui partage même une large partie de ses Ecritures, c’est plutôt surprenant.  En réalité se dissimule derrière ce « mur » de séparation une conception théologique – la théologie dite du « remplacement » - qui soutient que l’Eglise est en quelque sorte le nouveau peuple de Dieu bénéficiant des promesses et se substituant ainsi au peuple d’Israël dans le projet divin. Dans cette perspective, ce qui relève de l’identité du peuple juif avant les évènements de la Pentecôte (Actes 2 marque pour la plupart des théologiens le début « officiel » de l’Eglise) fait partie à présent de l’histoire. Ce qui advient par la suite, toujours au milieu du peuple juif, ne s’inscrit plus dans une légitimité prophétique, voire s’oppose même à la nouvelle légitimité représentée par l’Eglise au sens spirituel et universel.

C’est ainsi que pour bien des Chrétiens et pour bien des Juifs, l’expression même « Juif messianique » relève d’un paradoxe, une « anomalie spirituelle » qui dépasse la lecture de leur propre foi. Ou l’on est juif et l’expression de sa piété épouse la pratique des Juifs et une foi (ou même une absence de foi) qui rejette la messianité de Yéchoua’ (Jésus) ; ou bien l’on est chrétien et sa foi s’inscrit dans la tradition chrétienne universelle et la proclamation de Jésus comme Fils de Dieu. La filiation au peuple d’Israël et l’appartenance à la communauté des croyants en Jésus apparaissent alors pour beaucoup comme une double allégeance inacceptable, troublante, à la limite de la déloyauté. On ne peut se réclamer de l’un et de l’autre à la fois.

Qu’il me soit permis à ce stade de rappeler que le Juif messianique est solidaire du peuple d’Israël et le plus souvent fortement attaché à sa communauté par ses institutions ou encore sa famille. Il cultive aussi, à l’instar de la communauté juive, un rapport étroit avec la nation et l’Etat d’Israël. Ceci étant, il est naturellement lié également à la communauté de l’Eglise et nourrit une fraternité avec les chrétiens. Le plus souvent il fréquentera une assemblée chrétienne ou une assemblée messianique. Cette double « appartenance » n’est pas contre nature, bien au contraire.

Le malaise ne viendrait-il pas au contraire de ce refus implicite, presque subliminal, chez les uns de  reconnaitre les racines juives de la foi en Yéchoua’ le Messie, du refus d’accepter le choix irrévocable de Dieu sur le peuple d’Israël, du refus de prendre sa propre place et de jouer son rôle de témoin auprès d’Israël… mais aussi chez les autres, du refus de reconnaitre qu’il n’y a pas de chemin plus naturel pour un Juif que d’embrasser la foi des prophètes et d’accepter le Messie juif Yéchoua’ comme son Sauveur et Seigneur, du refus d’accepter que Dieu veut aussi inclure pour les sauver les non-Juifs du monde entier et former avec eux un peuple qui l’honore et le glorifie ?...

L’heure n’est plus à se disputer pour savoir si un tel ou une tel est « plus » juif, « trop » juif ou « pas assez », ce en vertu de la manière visible dont il pratique sa foi. Cela constitue un débat stérile et sans réel objet. Viendra le temps où nous comparaitrons tous devant le tribunal de Dieu et la seule question qui prévaudra sera : Quelle considération avons-nous eu pour la mort et le sang du Messie versé pour le salut de l’humanité ?

La cacherout, l’observation des fêtes, du shabbat et de bien d’autres choses sont avant tout une question de conviction personnelle qui invite au respect mutuel et à une liberté que conditionne l’amour du prochain.

Les discussions autour du « trop » ou du « pas assez » ne sont que les manifestations d’une immaturité spirituelle, d’un manque d’amour pour l’autre. Cependant, en prendre conscience, c’est déjà commencer à emprunter le chemin de l’amour véritable, de la réconciliation entre Juifs et non Juifs et avec le Dieu créateur. Et le « dére’h » (chemin) porte un nom : Yéchoua’ Hamachia’h (Jésus le Messie).

G.A.

mardi 5 février 2013

Dieu a-t-il changé ?

A entendre les propos de certains et les craintes exprimées par plusieurs, on pourrait se demander si en effet, dans l’esprit de certains croyants, Dieu n’aurait pas changé.
J’imagine déjà le regard dubitatif de certains lecteurs qui se demandent en quoi Dieu aurait changé, convaincus qu’ils sont par la force de l’enseignement martelé depuis toujours que le Seigneur est de toute éternité le même et qu’il ne changera jamais.

Le problème est moins une question de conviction profonde qu’un glissement subliminal vers le sentiment que Dieu n’est plus le même.
L’air du temps, les épreuves, les habitudes, l’impatience, sont de nature à émousser les convictions et laisser le doute prendre racine.
Mais comme dit l’Ecclésiaste, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Moïse et les anciens d’Israël avaient eux aussi leur instant de doute. Dieu était-il toujours le même ?... Lisons plutôt (Exode 3 .13 et suivants) :

13  Moïse dit à Dieu : J’irai donc vers les Israélites et je leur dirai : le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous. Mais, s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai–je ?

14  Dieu dit à Moïse : Je suis celui qui suis. Et il ajouta : c’est ainsi que tu répondras aux Israélites : (Celui qui s’appelle) Je suis m’a envoyé vers vous.

15  Dieu dit encore à Moïse : Tu parleras ainsi aux Israélites : l’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. Voilà mon nom pour l’éternité, voilà comment je veux être invoqué de générations en générations.

Je ne vais pas épiloguer longuement sur la question du nom de Dieu. Un sujet très pointu pour les Juifs, aujourd’hui encore. Si bien que la plupart du temps, les Juifs désignent Dieu par la simple appellation « Hachem », littéralement « Le Nom ». Mais il y a en réalité de nombreux termes pour désigner Dieu.
Dans la pensée juive, l’expression « Je suis qui je suis » traduit l’immuabilité de Dieu dans son éternité.
Dans la Brit ‘Hadachah (le Nouveau Testament), on a cette même idée traduite dans l’expression d’Hébreux 13.8 : « Yéchoua’ le Messie est le même hier, aujourd‘hui, et pour toujours. »
Une assurance que la promesse de son retour est aussi certaine que sa résurrection et son départ d’ici-bas.
Ceci étant, replacé dans notre contexte, Moïse a sans doute interprété cette expression en rapport avec le sentiment général des israélites que Dieu les avait peut-être oubliés, abandonnés. Des siècles d’esclavage ont fini par amoindrir la foi du plus grand nombre [La tradition évoque même que seule la tribu de Lévi était restée fidèle, le peuple s’étant écarté de la foi des pères pour se mêler en partie aux cultes idolâtres de l’Egypte.] La promesse faite à Abraham semblait bien loin et le « nom » de Dieu a peut-être ranimé l’idée que Dieu n’était peut-être pas si loin que cela et que sa promesse allait se réaliser certainement.
Dieu donc ne change pas et il est aujourd’hui le même que celui qui s’est adressé à Adam, à Noé, à Abraham, à Isaac, à Jacob, à Moïse, à David et tous les prophètes.
Il est aussi le même que celui qui s’est adressé par Yéchoua’ le Messie aux disciples, aux apôtres, et aux nombreux croyants qui à travers les siècles ont vécu partout dans le monde.
Et aujourd’hui encore, il « est celui qui est » ; il n’a pas changé.

Comme Moïse, nous connaissons l’histoire passée de l’humanité et du peuple d’Israël au travers duquel Dieu s’est manifesté avec une fidélité sans comparaison possible avec les idoles de ce siècle.
Et l’éternité ne s’arrête pas avec notre présent. Ce qu’il a pu faire par le passé, il est toujours capable de l’accomplir aujourd’hui, et demain également.
C’est aussi vrai pour toutes ses promesses. Ce qu’il a promis s’accomplit toujours et sa parole n’est pas devenue caduque.
Alors peut-être que certains ont des doutes et se disent que Dieu, au 21ième siècle, n’est plus le même. Il y a 2000 ans, il avait dit qu’il reviendrait et voilà qu’il n’est toujours pas revenu.

Il n’y a pas un Dieu d’Abraham, puis un Dieu de Moïse et un Dieu d’Israël qui serait aujourd’hui un Dieu différent de par le passé, qui aurait changé de « visage » et « vieilli » au point de paraitre suranné.
Ce sont les hommes qui changent et qui s’imaginent grandir en sagesse en changeant les lois et les règles les plus élémentaires. Ils voudraient faire un procès à Dieu et à ses disciples et contester ce qu’il a décrété depuis les premiers jours de la création.

Non ! Dieu n’a pas changé. Il est toujours celui qui EST de toute éternité. Il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël et il n’a pas pris une « ride ». Il reviendra, c’est sûr !