jeudi 13 juillet 2017

La France plongée dans ses contradictions

Ces derniers mois, la multiplication des rendez-vous électoraux et son cortège de surprises en tout genre, de « scandales » mis en lumière ou au contraire noyés dans le bouillon médiatique, a révélé le pouvoir extraordinaire et manipulateur des organes de communication télévisuelle et plus encore des réseaux sociaux infectés et infectant les esprits sans aucun remède.
Les « complotistes » y ont vu la main invisible des « puissants » anonymes qui placent leurs pions sur l’échiquier géant de la planète, ou plus modestement de notre douce France.
L’électeur téléspectateur, consommateur de Facebook, Twitter et autres sites internet pseudo indépendants, a cru pouvoir trier le flux continu d’informations contradictoires, soigneusement enrobées par des spécialistes en communication extrêmement performants. Il n’en a rien été.
Les soupçons et la présomption d’innocence se sont rapidement transformés en certitudes et jugements irréversibles, des armes médiatiquement létales. Les élections passées, le système n’a pas changé.
La seule manière de réduire l’influence de telle ou telle nouvelle consiste alors à l’étouffer sous un magma d’informations que l’on sait inutiles et qui viendront masquer l’essentiel, le réellement pertinent.



C’est ainsi que bien peu de Français ont eu vent des dernières informations relatives au Moyen-Orient et Israël en particulier. Cela dit en passant, j’avoue que quelquefois, je me passerais bien de voir Israël à la une des journaux. Mais il y a des signes inquiétants, parce que persistants, dans l’attitude de la France à l’égard d’Israël et du peuple juif.
Il y a quelques jours, le président Macron a accueilli Mahmoud Abbas à l’Élysée lui assurant son soutien indéfectible à une solution de paix basée sur le principe de deux États, une solution qui pourtant, en coulisse, a de moins en moins d’adeptes sérieux. Il soulignait également sa condamnation de la « colonisation » par Israël.
Mais comment en aurait-il pu être autrement dès lors que monsieur Macron avait qualifié (avant son élection) la colonisation française de crime contre l’humanité ? Le choix des mots et des sujets n’était ainsi pas anodin. Soyons-en certains.
Les médias et les politiques ne peuvent imaginer un seul instant le terme « colonisation » associé à quelque chose de positif, aussi, le relier en permanence à Israël ne peut que participer à la diabolisation de cette nation. Substituez le mot « colon » à celui de « nazi » et vous percevrez rapidement l’effet dévastateur produit dans les esprits. Certains se demanderont alors pourquoi cette diabolisation à outrance et systématique d’Israël au travers de vocables que l’on sait « sensibles » pour nos concitoyens ? La « culpabilisation » de la France au travers de son aventure coloniale historique — une aventure partagée par la plupart des pays européens — est devenue un instrument politique visant à « adoucir » la rancœur des populations immigrées — d’autres s’empresseront d’ajouter, à « justifier » leur colère — celle de ces anciens « colonisés » qui, pas si rancunier finalement, sont venus s’installer en France.
Sauf que la colonisation française étant de l’histoire de plus en plus ancienne, fort distante des générations d’aujourd’hui, il faut un autre exutoire qu’Israël incarne parfaitement dans le monde arabo-musulman. Israël est le « colonisateur » malfaisant sorti d’on ne sait où dont la légitimité est ainsi contestée de toutes les manières. Ainsi donc, les Juifs sont le seul peuple existant sans histoire et sans terre s’inscrivant dans un « réel » officiellement reconnu. La création de leur État relève d’une « erreur » historique découlant de la barbarie nazie. Ils sont l’incarnation fautive des colonisateurs européens qui les ont « laissés » s’installer sur une terre qui ne peut par essence que leur être « étrangère » dès lors qu’ils sont désignés comme « colons ».
De la sorte, le discours politique ne s’inscrit plus dans la vérité intrinsèque de l’histoire, mais dans une réécriture accommodante dont les vertus restent discutables.

Pour le croyant, c’est là que se trouve le dilemme. On peut être plus ou moins d’accords avec les choix politiques de son pays. Il est possible même de discuter de ses arguments, de contester leur pertinence. Mais le dialogue devient nettement plus compliqué quand les vérités historiques les plus élémentaires et les plus évidentes sont délibérément bafouées.
C’est ainsi que nous avions dénoncé le vote à l’UNESCO de la France qui semblait cautionner, en novembre dernier, la qualification de Jérusalem et de sa vielle ville de site islamique, faisant fi de la réalité historique au détriment des Juifs, mais aussi indirectement des chrétiens.

Qu’importe les critiques et les condamnations, l’UNESCO, devenue pour ainsi dire un organe onusien de propagande islamique, poursuit sa politique infâme de délégitimation d’Israël. Et l’élection de monsieur Macron à la présidence de la République ne permet pas d’entrevoir d’inflexion aux relations paradoxales que notre pays entretient avec Israël et le peuple juif.
La « bienveillante » abstention de la France à l’UNESCO lors du vote récent en faveur de la reconnaissance du caveau des patriarches à Hébron comme site palestinien — entendez par là uniquement musulman et donc non-juif — est un affront de plus et un négationnisme politique révélateur.

La réponse d’Israël ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. Le Premier ministre israélien a déclaré la création prochaine d’un musée du patrimoine juif à Hébron. Et nous pouvons être certains qu’il ne sera pas vide comme le musée de l’histoire de la « Palestine » de Ramallah financé à coup de millions de l’Union européenne.

Au regard du positionnement français à l’UNESCO, reflet patent d’une politique inqualifiable à l’égard d’Israël qui n’a finalement pas varié depuis 50 ans, on relèvera la décision commune des ministères de la Culture et de la Justice d’ouvrir l’accès aux archives du procès de Klaus Barbie, condamné il y a 30 ans pour crime contre l’humanité. Selon les ministres, la mesure a été prise afin de lutter contre le négationnisme et l’antisémitisme en France.
Bien entendu, en tant que telle, on ne pourra que saluer la décision si prompte d’un gouvernement à peine installé. Mais la déclaration est un peu l’arbre qui cache la forêt. L’antisémitisme et le négationnisme sont dans le discours officiel exclusivement d’extrême droite. Ils sont le chiffon rouge agité pour détourner l’attention et faire oublier que l’antisémitisme quotidien que connaissent les Juifs en France est essentiellement issu de la communauté arabo-musulmane. Au négationnisme traditionnel relatif à la Shoah se superpose de façon récurrente celui à propos de l’histoire du peuple d’Israël, qu’elle soit dans la Bible ou plus contemporaine.
Ce négationnisme arabo-musulman transpire dans les décisions de l’UNESCO et la France apporte sa caution à minima en s’abstenant lors des votes proposés.

Les Juifs comme les chrétiens s’inquiètent de ce double standard de la politique française qui depuis des années déclare vouloir lutter contre l’antisémitisme dont les Juifs sont de plus en plus victimes, et en même temps ferme les yeux sur l’antisémitisme arabo-musulman qui ne cesse de se développer dans les banlieues. Il y a indéniablement un calcul politique dont les conséquences ne sont pas mesurées.

Par ailleurs, l’insistance à dénoncer le pseudo « colonialisme » d’Israël est en réalité une forme de négationnisme que, je pense, tout croyant devrait dénoncer. En laissant s’installer le mensonge historique au sujet d’Israël, les chrétiens eux-mêmes finiront par en pâtir.

L’heure n’est plus au grand discours ou la recherche à tout prix d’un consensus. La vérité est seule en cause et c’est elle qui réellement rend libre. Se taire ou s’abstenir est un délit de fuite pour lequel on finit toujours par être rattrapé.

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